Même si notre gouvernement ne semble pas prendre la mesure de la situation, ce n’est plus un secret pour personne : notre agriculture va mal, très mal. Les agriculteurs doivent faire face à d’importantes difficultés et, par ricochet, leurs partenaires se retrouvent eux aussi en péril. Et ils sont nombreux…

Alors qu’il y a encore 3 ans la culture de la betterave était perçue comme la bouée de sauvetage de nos exploitations, aujourd'hui c'est devenu le boulet. L'arrêt des quotas betteraviers et les imports de sucre ont détruit notre filière betteravière. C’est simple, tout part en vrille. On ne sait même pas combien nous allons être payés… Si c’est en dessous de 18-20 €/t on perd de l'argent et cela pèse sur nos exploitations déjà très fragilisées.

Dans ce contexte économique, la mondialisation, la fin des quotas et les prix mondiaux ne font pas souffrir que l'agriculture et ses agriculteurs. C’est tout un système économique qui est touché. Des salariés de coopératives se retrouvent licenciés, des villages se meurent, et tout un tas d'autres entreprises gravitant autour de l'agriculture (transporteurs, vendeurs de machines agricoles, prestataires de services…) vont mal car leurs activités dépendent de l’agriculture.

Nous avons récemment appris que la sucrerie coopérative betteravière Cristal Union allait fermer 2 sites de production, dont un à Toury au cœur de la Beauce. Ce sont près de 150 salariés qui seront au chômage d'ici début 2020 et si le groupe ne se redresse pas, en tant que coopérateurs nous perdrons dans la foulée nos parts sociales investies à fonds perdu.

Les conséquences de la fin des quotas betteraviers sont graves mais elles étaient prévisibles et la CR avait alerté les pouvoirs publics à ce sujet. En effet, il n’y avait qu’à voir la situation dans laquelle se sont retrouvés les éleveurs suite à la fin des quotas laitiers pour savoir que ce qui attendait les producteurs de betteraves et l’ensemble des personnes qui gravitent autour.

Trop c'est trop. Je suis écœurée, j'en ai marre et je pense ne pas être la seule dans cet état d’esprit. Il est temps que nos décideurs prennent conscience qu’en délaissant l’agriculture ils délaissent bien plus. Tous les emplois gravitant autour de l'agriculture française ne peuvent être garantis que si les productions agricoles sont produites sur le sol français. Des centaines de milliers d'emplois sont en jeu. De plus, nos consommateurs n’auront les produits de qualité qu’ils souhaitent que par l'agriculture française. Notre agriculture dispose aujourd’hui d’un cahier des charges très stricte en comparaison des produits importés qui ne répondent pas à l’ensemble de nos règles en matière de traçabilité et sanitaire. La piètre qualité des produits que nous importons est une aberration. Pourquoi imposer des règles aussi strictes aux agriculteurs français si c’est pour faire entrer des cochonneries sur notre territoire et créer des distorsions de concurrence en partie responsables de la situation dans laquelle se trouve l’agriculture française ? Comme je l’ai indiqué lors de la dernière session Chambre d’agriculture à laquelle j’ai participé : « interdiction de les produire mais obligation de les consommer... ». Je le refuse.

 

Aurélie Hallain Agricultrice en Eure-et-Loir (28)

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