Les marchés agricoles sont totalement désorganisés, certaines matières premières vitales comme les céréales servent de levier aux spéculateurs et aux fonds de pension, le lait et le beurre manquent, de nombreux paysans ont disparu. Ces constats sont accablants pour tous ceux qui ont participé aux réformes successives de la PAC depuis 1992, à commencer évidemment par la Commission européenne.
Cette situation est préoccupante, car elle met en cause aujourd’hui non seulement la sécurité alimentaire de l’Europe, mais aussi ses équilibres sociaux et économiques par la déstabilisation en profondeur des secteurs agricole et agroalimentaire.
Il convient donc de réagir rapidement et de réorienter la politique agricole commune vers la régulation des productions, des prix et des revenus agricoles. Pourtant la seule proposition que fait Mme Fischer Boel, Commissaire en charge de l’agriculture, c’est d’achever la désintégration de la PAC en coupant le budget des aides, en abandonnant les quotas ou les droits de plantation des vignes pour laisser le soin à « la main invisible du marché » d’assurer la sécurité alimentaire, sanitaire, environnementale et d’occuper harmonieusement nos territoires.
Cette position irresponsable est aux antipodes des orientations affichées par le Président de la République à Rennes la semaine dernière. La Coordination Rurale attend que la France rappelle fermement la Commission à ses devoirs.
Alors que la CR avertit depuis des années des dangers de rupture de l’approvisionnement alimentaire tant au niveau européen que mondial, il est inquiétant d’entendre Mariann Fischer Boel, suivie hélas par certains de nos responsables politiques, déclarer que cette situation était imprévisible il y a un an !
La CR avait d’ailleurs dénoncé dès 2004 la grave erreur de la politique de développement des biocarburants à base de céréales ou d'oléagineux engagée par cette même Commission sans qu’elle ait fait un minimum d’analyses de faisabilité tant économique qu’en terme de production.
Face à une telle incurie la question se pose aujourd’hui de savoir si tous ces problèmes peuvent être résolus par ceux-là mêmes qui les ont créés.
