À l’heure où tout est à reconstruire après la crise sanitaire que nous venons de traverser, la Coordination Rurale s’associe avec le chef cuisinier Victor Mercier pour appeler l’avènement d’une alimentation locale, durable et de qualité. En effet, le COVID-19 a frappé la restauration aussi violemment que l’agriculture française. Les producteurs de pommes de terre, mais aussi les éleveurs, viticulteurs ainsi que les fabricants de fromage n’ont pas réussi à vendre leur production, tandis que les restaurants étaient contraints de fermer.

Ainsi, la CR souhaite que les restaurateurs qui travaillent des produits français soient valorisés à travers l’instauration d’une fiscalité vertueuse et l’octroi d’une aide supplémentaire aux restaurateurs qui jouent le jeu de l’approvisionnement local.

De telles mesures permettraient de créer un cercle vertueux au service d’une gastronomie locale. C’est ce qu’a expérimenté le chef Victor Mercier en montant son restaurant FIEF (Fait ici en France) qui ne cuisine que des produits 100% français. Dans son manifeste « Pour une souveraineté alimentaire post COVID-19 », il lance un appel à toutes les professions de la gastronomie française : « Favorisons les circuits courts, territorialisons nos productions, rationalisons nos échanges internationaux tout en remettant en question notre système de libre-échange ! ».

Victor Mercier expose de même très bien la situation économique des agriculteurs qui n’ont que peu de poids dans la négociation des prix. Comme le dit la CR, la PAC leur verse des primes faute de garantir des prix rémunérateurs :

« Dans une économie de marché de plus en plus mondialisée, sous la pression de la concurrence internationale, ils n’ont d’autre recours que de baisser leurs prix ». Pourtant, « il est possible de maintenir un rapport qualité/prix juste, tout en dégageant une marge suffisante pour payer correctement le personnel ».

Et il n’y a pas de raisons pour que cette symbiose qui existe entre chefs et agriculteurs ne puisse pas s’étendre à l’ensemble des restaurateurs. À ce titre, la CR pense qu’une fiscalité incitative sur l’approvisionnement local peut constituer un levier puissant pour faire changer les modes. En effet, certains restaurateurs par manque de temps, de moyens, ou par facilité n’achètent pas assez de produits locaux. Ils ont notamment recours à des denrées d’importation à bas coût, fournies par les grossistes, produites dans des conditions environnementales et sociales scandaleuses et déloyales.

« À la CR, cela fait longtemps que nous croyons au retour d’une alimentation locale. C’est plus sain, ça a plus de sens et surtout ça assure un revenu stable aux agriculteurs, malmenés par l’évolution en dents de scie des cours mondiaux. Travailler avec des restaurateurs est toujours très bénéfique pour un agriculteur », a déclaré Bernard Lannes, président de la CR.

Alors que Julien Denormandie participera à l’automne à une conférence sur la souveraineté alimentaire annoncée par Didier Guillaume, il apparaît que l’adoption de ces propositions permettrait d’avancer sur le chemin de l’exception agriculturelle que la CR demande depuis ses débuts.

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