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Les premières orientations de la France et de l’Allemagne pour la PAC 2013 viennent d’être dévoilées et s’inscrivent, hélas, dans la continuité des PAC précédentes. Elles révèlent l’absence totale d’ambition si ce n’est de laisser se dérouler le processus de restructuration de l’agriculture européenne, c’est à dire le processus d’élimination des agriculteurs et de démantèlement du secteur le plus stratégique de l’UE.

Malgré les alertes telles que la grève européenne du lait en 2009, les chutes vertigineuses de nos revenus, le désespoir et les suicides, malgré l’évidence des erreurs accumulées depuis la réforme de 1992, les ministres de l’Agriculture allemand et français prennent la responsabilité de confirmer l’abandon de l’agriculture aux marchés, sous le seul contrôle calamiteux de l’OMC.
Noyées dans le texte commun franco-allemand publié le 14 septembre, ces quelques phrases donnent le ton de cet abandon : « La démarche qui a été définie par les réformes agricoles successives, et confirmée par le bilan de santé en 2008, doit être poursuivie. » et, au sujet d’une enveloppe de flexibilité des aides, «à condition qu’elle n’induise aucune distorsion du marché intérieur et qu’elle respecte les engagements pris à l’OMC. »

Cette position commune ressemble à un abandon de chantier de la construction européenne alors que la PAC ne respecte plus un seul des objectifs du traité de Lisbonne : les agriculteurs ne sont plus en capacité d’investir, les prix agricoles sont devenus déraisonnables, les marchés sont dérégulés, les revenu des agriculteurs sont en berne et la dépendance alimentaire de l’UE est chronique.

Une telle évolution pourrait transformer ce qui scella les alliances européennes en un redoutable solvant. Elle verrouillerait l’accès des PECO à notre niveau, celui de ce qu’ils qualifient de « vieille Europe ». Les tensions au sein de l’UE qui résulteraient de ces déceptions feraient courir un risque grave de chaos pour l’avenir européen. En témoignent d’ailleurs les propos guerriers de mauvais augure lancés par Bruno Le Maire devant les congressistes de la FNPL lorsqu’il les haranguait pour qu’ils gagnent la bataille de la compétitivité contre l’Allemagne.

Il est impératif de refaire une PAC fédératrice, traitant l’agriculture européenne comme un secteur aussi stratégique que ceux de la santé, de la défense ou de l’énergie.

Pour cela il nous faut un pilote, un leader qui ait une vision plus large que le seul horizon du prochain portefeuille ministériel ou des prochaines élections.

Ce leader ne peut donc pas être un homme mais un pays. Et la France, pays agricole de référence, co-génitrice de la Communauté européenne, peut et doit tenir ce rôle, appuyée sur ses corps sociaux qu’elle doit bien sûr préalablement tous écouter.
A défaut notre PAC va devenir un gros paquebot entouré de récifs, muni de 27 moteurs, d’autant de gouvernails mais dépourvu de capitaine, alors que d’autres tracent leur route bien droite et vont vite nous laisser nous fracasser tout seuls.

Le paquebot américain en est une bonne illustration : Tom Vilsack, le secrétaire d’état US à l’agriculture a déclaré devant le sénat américain, le 30 juin dernier : « Pourquoi ne pas se fixer comme objectif, dans le farm bill de 2012, d'augmenter le nombre d'agriculteurs de 100 000 ? » en précisant qu’il s’agissait des agriculteurs réellement engagés dans la production. Quand on sait que leur nombre actuel est évalué à moins de 800 000 cela constituerait une augmentation de 12,5% !

Sans doute lié à cet objectif, nous apprenons aussi que les USA envisagent une réforme radicale de leur politique laitière pour asseoir celle-ci sur un système efficace de régulation de la production pour équilibrer le marché sur des prix rémunérateurs.

Il n’est plus temps de méditer : agissons vite !

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