Après les mesures de précautions prises suite au Grenelle, la culture des OGM en France est à nouveau à l’ordre du jour. La CR a une position très mesurée sur les OGM. Elle ne s’y oppose pas par principe s’ils s’avèrent utiles à l’humanité - ce qui reste à prouver, mais juge qu’il est inutile de braquer les consommateurs qui y sont largement opposés, et que les OGM ne sont pas aujourd’hui une nécessité vitale pour les agriculteurs.

L’intérêt et l’innocuité des OGM doivent être prouvés

La question des OGM est posée depuis 15 ans et il n’est toujours pas scientifiquement prouvé que leur utilisation permettrait de réduire de manière substantielle l’utilisation des produits phytosanitaires. Des études montrent d’ailleurs tout à fait le contraire. Plus grave encore, cette incertitude pèse aussi sur leur innocuité pour la santé des hommes (allergies, toxicité, résistance aux antibiotiques, etc.) des animaux et pour l’environnement. Compte tenu des dangers potentiels, la CR estime que les procédures d’évaluation des risques liés aux OGM ne sont pas suffisantes. Nous n’avons pas le droit, pour nous-mêmes et pour notre descendance, de déclencher des processus irréversibles que nous ne savons pas maîtriser. Tant que des clarifications objectives n’auront pas été apportées, la CR demande d’appliquer le principe de précaution et un engagement bien plus important de la recherche publique, seule à être a priori indépendante des considérations économico-financières. Cette recherche doit cependant être menée en milieu contrôlé pour éviter la dispersion des gènes dans la nature.

La dissémination des OGM doit être assumée par les semenciers

Selon la loi de 2008 qui remet la culture des OGM d’actualité, les cultivateurs d’OGM seront financièrement responsables en cas de contamination même s’ils respectent les prescriptions techniques. La vigilance s’impose car aucun assureur ne veut couvrir ce type de risques. Cela montre que la cohabitation OGM/non OGM est bien problématique, contrairement aux affirmations des lobbies semenciers et du syndicalisme majoritaire. Cette désinformation vise à enclencher une dissémination irréversible, qui ferait peser un risque effectif sur la biodiversité. Cette attitude est d’autant plus choquante que les citoyens sont très majoritairement contre les OGM, appuyés par de nombreux chercheurs.
Pour la CR, comme tout constructeur qui assume les vices de fabrication de ses véhicules, les semenciers doivent constituer un fonds de garantie (préjudice économique, moral, environnemental et de santé publique) et/ou trouver les compagnies d’assurance consentant à couvrir les risques. D’ici là, la CR souhaite que les filières OGM financent les analyses et mesures de contrôle qui permettraient au moins de garantir la fiabilité des produits « sans OGM ».

Préserver la production européenne des OGM aujourd’hui pour garantir un revenu demain

Aujourd’hui, la filière des grains tente tout pour faire durablement baisser les cours. Cela permettrait aux exportateurs d’être compétitifs et de faire tourner à bas prix les usines de biocarburants, contournant ainsi la baisse de défiscalisation enclenchée par le gouvernement. Certains syndicats font le choix des volumes et de l’export, la CR fait celui du revenu par les prix ! Vaut-il mieux faire 130 quintaux avec du maïs BT payé à 120 €/T (hors surcoût lié aux prix des semences et à la séparation des lots) ou 115 qx de maïs normal payé 200 €/T ?

Les producteurs français ne seront jamais compétitifs face aux USA et à l’Amérique du sud. Notre intérêt est donc de bien différencier notre production, comme le font déjà les producteurs européens de viande bovine, qui ne traitent pas leurs animaux avec des hormones. Il faut être conscient qu’avec la culture de maïs OGM, on ouvre la voie à leur généralisation pour toutes les espèces végétales à moyen terme. La sagesse consiste donc à éviter cette aventure pour mieux mettre en avant les qualités et la fiabilité de nos produits, sans OGM !

A cet égard, la réglementation européenne donne des signes inquiétants de faiblesse en autorisant l’importation et la commercialisation en Europe d’OGM toujours plus nombreux, tout en légiférant sur la présence fortuite d’OGM ou sur un seuil de contamination autorisé. Ces réflexions nous amènent à souhaiter la mise en place d’une filière européenne sans OGM et valorisée comme telle. Une façon pour l’Europe de sortir par le haut de l’affrontement avec les pays fortement exportateurs de cultures OGM et de redonner un peu de valeur ajoutée aux agriculteurs européens.

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