L'irrigation : La position de la Coordination Rurale

L’objectif annoncé de 10% de substitution des carburants fossiles d’ici 2015 va créer une concurrence entre les filières alimentaire et non alimentaire : déjà dangereuse aujourd’hui, cette concurrence peut s’avérer suicidaire demain, dans un contexte de faiblesse historique des stocks mondiaux de céréales.

Les incohérences du plan biocarburants français

Le plan biocarburants français valorise une démarche industrielle, dont le rendement énergétique (énergie nécessaire pour la fabrication des biocarburants, des champs au réservoir) et les conséquences sur l’environnement (dont les baisses d’émission de gaz à effet de serre) sont encore très discutables.

Le plan repose sur la défiscalisation et les aides de la PAC, dont la pérennité est logiquement très incertaine compte tenu du délabrement des finances de l’Etat et des attaques répétées contre le budget de l’UE.

La rémunération des agriculteurs

Dans les différents rapports sur le sujet, le prix du blé, du maïs, du colza ou de la canne à sucre servant de base de fabrication de l’éthanol, n’est jamais évoqué ! Et pour cause ! C’est le prix des carburants fossiles à la pompe qui règle le prix des biocarburants et donc celui des matières premières agricoles, qui est ainsi sans aucun rapport avec les coûts de production ou les prix alimentaires.

La compétitivité de la filière industrielle est loin d’être assurée quand on connaît le prix de revient imbattable de l’éthanol brésilien. Obligé de s’aligner sur les prix les plus bas, l’agriculteur français est déjà le grand perdant puisque c’est sur le prix de ses produits que se fait l’équilibre financier des outils de transformation. Il faut noter que l’aide européenne aux cultures énergétiques, déjà insuffisante, a disparu au 1er janvier 2010 !

Toujours soucieuse de défendre la rémunération des agriculteurs, la CR défend la production des bioénergies à la ferme (huile végétale, biomasse, méthanisation) dont les bilans énergétiques sont bien meilleurs et qui permettent aux producteurs de garder le maximum de valeur ajoutée de leur récolte, en restant maîtres du processus de production. Par ailleurs, la CR demande la libre production et commercialisation des huiles végétales pures, de tourteaux fermiers et des grains pouvant servir au chauffage ou à l’alimentation des animaux.

Le véritable enjeu : l’autonomie énergétique de l’agriculture

L’épuisement des réserves de pétrole et la situation explosive dans les pays qui en détiennent les principales ressources menacent gravement notre production alimentaire. Sans gasoil pour les tracteurs ou les camions, sans énergie pour les engrais, sans pétrole pour les produits phytosanitaires, c’est la famine !

La véritable question n’est pas de savoir comment l’agriculture peut remplacer le pétrole consommé par les automobilistes ou les transporteurs. Elle est de pouvoir garantir la production de nourriture aux populations, même lorsque le pétrole sera devenu très rare.

Il faut donc dans les 20 prochaines années parvenir à l’autosuffisance énergétique de l’agriculture.

La PAC doit être réformée pour intégrer cette nécessité. Celle-ci reposerait sur une logique de transformation de biomasse agricole sur place : huile végétale brute pour les engins agricoles, énergie thermique ou électrique à partir des productions végétales ou des effluents d’élevage.

Le suivi du bilan carbone des terres

Les terres sont le support de la production végétale et donc de la production de carbone sous forme d’aliments ou d’autres biomasses. Pour préserver l’avenir, il faut donc veiller à leur bon entretien.

C’est pourquoi la prochaine PAC devra inclure, dans toutes ses orientations et décisions, le suivi du solde entre le carbone fixé et le carbone extrait des terres. La promotion des biocarburants de 2e génération ne doit pas échapper à ce contrôle des flux de carbone, afin de ne pas stériliser les sols en exportant leur matière organique.

Pour en savoir plus sur les biocarburants :

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