Le Département pour l’environnement, la nourriture et les affaires rurales britannique (équivalent élargi de notre ministère de l’agriculture) vient de publier une stratégie sur les perspectives alimentaires en Grande Bretagne d’ici 2030 et plus exactement sur une conception durable de l’agriculture. Y figure notamment l’idée phare d’une relocalisation des productions, pour s’inscrire dans une logique globale de lutte contre le réchauffement climatique.

Faut-il s’attendre désormais à voir la très libérale Grande-Bretagne soutenir une politique volontariste de défense de l’agriculture européenne ? Hélas, ce serait aller un peu vite en besogne, puisque la publication de ce document a immédiatement fait réagir le très influent journal Financial Times, qui a dénoncé cette dérive autarcique et affirme haut et fort qu’il faut laisser faire le marché, même si le pays importe près de 70 % de ses produits alimentaires. Certains réflexes ont décidément la vie dure.

Mais l’espoir est permis, puisque Mme Hillary Benn, en charge de ce ministère, semble décidée à s’engager dans la défense de l’agriculture. Elle s’est entretenue, le 27 janvier, avec Bruno Le Maire à Londres et de cette entrevue est ressorti un document commun en faveur d’ « un secteur agricole et agroalimentaire européen fort, compétitif et durable ». Certes, on parle surtout de l’agroalimentaire, de compétitivité et du marché mondial, mais il s’agit tout de même d’un infléchissement intéressant chez l’un des plus farouches détracteurs de la PAC. De plus, début février, le ministère britannique de l’économie, le BIS, s’est également emparé du problème à travers un guide des bonnes pratiques entre la grande distribution et ses fournisseurs, dans le but avoué de garantir des conditions équitables pour les agriculteurs.

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