La grève du lait a permis à l’Europe de prendre conscience de la nécessité de réguler la production laitière et de reconnaître l’intérêt du regroupement des producteurs dans la négociation avec les transformateurs.
Mais alors que l’Europe s’oriente vers une application facultative de la contractualisation, la France a décidé la contractualisation obligatoire pour tous les producteurs (décret paru au journal officiel du 31 décembre 2010) dès la prochaine campagne laitière. Pour répondre au nécessaire regroupement des producteurs, la FNPL, veut imposer de nombreuses Organisations de Producteurs (OP) commerciales ou non commerciales liées aux laiteries (sur le modèle Suisse qui ruine les producteurs).
En effet, en créant de telles OP, on met en place de nouvelles structures permettant à l’industrie privée de lier les producteurs à l’image des coopératives, avec de mais qui ne changeront en aucun cas la situation bien désastreuse des éleveurs laitiers. Au lieu de donner plus de force aux producteurs, la FNPL choisit une fois de plus de renforcer le pouvoir des laiteries, et donc de l’industrie agroalimentaire !
Pour obtenir un pouvoir et une reconnaissance, les producteurs doivent s’organiser à l’échelle européenne. Ils pourront ensuite réguler efficacement, dans chaque pays européen.
La solution pour garantir un bon prix, c’est l’ajustement de la production aux réalités du marché. Il faut arrêter de gérer la surproduction comme cela est fait depuis des années !
Les producteurs, tout en restant propriétaires de leurs droits à produire, doivent pouvoir mandater leur OP qui se doit d’être indépendante des laiteries et de tout syndicat. C’est la condition indispensable à leur efficacité. C’est la proposition faite depuis des mois par l’EMB et ses deux organisations françaises, l’OPL et l’APLI qui soutiennent l’OP indépendante France MilkBoard.
Le décret du 31/12/2010
L’OPL désapprouve l'obligation de signer des contrats, sans cadre réglementaire des Organisations de Producteurs et sans une réelle organisation de la production au niveau européen.
Quelles conséquences à la contractualisation ?
Dès lors que vous aurez signé le contrat avec votre laiterie, vous êtes engagé pour au moins 5 années. Pour les coopérateurs, cet engagement n’est d’ailleurs pas forcément corrélé avec l’engagement coopérateur, ce qui peut entrainer une obligation à vie ! Explication : supposons que M. DUPIN se soit engagé à la coopérative en 2003 pour 10 ans. Aujourd’hui, il est encore coopérateur pour 3 ans. S’il signe un contrat en 2011, il s’engage pour 5 ans avec la coopérative. Il sera donc obligé de se réengager avec sa coopérative pour 10 ans dans 3 ans. Au bout des 5 ans du contrat, M. DUPIN ne sera pas au bout de son engagement coopérateur et sera donc obligé de signer à nouveau un contrat ! Et ainsi de suite.
Cette contractualisation telle qu’elle est proposée aujourd’hui est totalement déséquilibrée. Les laiteries s’assurent un approvisionnement de qualité tout au long de l’année.
Pour vous, producteur, vous n’êtes pas garanti d’être payé correctement et vous n’aurez aucune lisibilité sur l’avenir. En tant que chef d’entreprise, vous ne pourrez avoir aucune réflexion et aucun projet (investissements, transmission…).
La CR attaque le décret contractualisation
L’organisation de la production en bassins
La nouvelle organisation de la production laitière est prévue par le décret 2010-1753. Les textes relatifs à la création des bassins sont encore en cours de construction. Le projet de décret sur les conférences de bassins laitiers prévoient que ces 6 représentants seront désignés par les syndicats à vocation générale représentatifs nationalement lorsqu’ils seront représentatifs localement. Par courrier du 9 février, le Ministère a demandé à la CR de nommer des représentants. Cependant, la CR estime insuffisant le nombre de sièges qui lui ont été attribués et a porté réclamation au Ministère.
Sachez que cette organisation modifiera le fonctionnement départemental puisque les CDOA ne traiteront plus des questions laitières : un pas supplémentaire dans la disparition des quotas.
L’Office du lait, qu’est ce que c’est ?
Créé en avril 2010, l’Office du lait est un « contre-CNIEL », c’est-à-dire, une interprofession alternative. Il est construit avec cinq collèges : producteurs, transformateurs, consommateurs, distributeurs et les représentants de l’Etat. L’Office du lait est présidé par Paul de Montvallon, éleveur laitier dans le 49. L’APLI et l’OPL sont membres de l’Office du lait et participent à ses travaux.
L’année dernière, l’Office du lait a déjà collecté des promesses d’adhésions des producteurs laitiers pour constituer son collège production. L’Office créé maintenant le collège « consommateurs ».
La pétition de l’Office du lait exprime notre opposition à :
- la contractualisation sans regroupement objectif et indépendant « préalable »
- à la discrimination à l’égard des coopérateurs et des livreurs privés. Ce n'est pas un engagement à ne pas signer les contrats mais une pétition pour démontrer au ministère l'opposition des producteurs à la contractualisation individuelle. Elle a donc simplement une valeur morale et doit être signée par le maximum de personnes. Venez la signer sur le site de l’OPL : www.producteurs-lait.com en page d’accueil.
- Je demande que l’Europe mette d’urgence en place un moyen de régulation de la production du lait efficace, seul moyen de procurer un prix, stable, juste et équitable du lait aux producteurs et aux consommateurs et seul moyen de sécuriser l’existence de producteurs et de transformateurs sur l’ensemble des territoires.
- J’exprime mon opposition à la contractualisation rendue obligatoire tant que l’Europe et la France ne donnent pas clairement et officiellement la possibilité aux producteurs de s’unir et de s’organiser en toute indépendance et cela quel que soit leur engagement (coopérateur ou non).
- Je demande solennellement aux responsables politiques de mettre en place le cadre et les règles légales de cette organisation de producteurs indépendante afin qu’elle soit l’interlocuteur reconnu et incontournable pour la commercialisation du lait.
Le 13 janvier, l’OPL et l’APLI ont décidé de soutenir la création d’une OP nationale : France MilkBoard qui sera gérée par les producteurs.
France Milk Board est une OP non commerciale qui adhèrera à MilkBoard United, regroupement des structures de chaque Etat membre de l’UE. France MilkBoard est asyndicale et transversale. Elle a simplement pour objectif de regrouper les producteurs face à leurs acheteurs potentiels pour valoriser leur production. Le producteur de lait donne ainsi mandat à France MilkBoard pour négocier avec les industriels le prix de son lait.
Pourquoi faut-il changer le cadre ?
1. Equilibrer le rapport de force en faisant bloc : le décret et l’arrêté sur les OP ne seront pas publiés a priori avant fin 2011. Les producteurs ont une année pour se fédérer, coopérateurs et privés, dans une entité neutre et indépendante… et ainsi influer sur les décisions politiques et économiques nous concernant tous.
2. Avoir la liberté de choisir : anticiper sur le décret OP (prévu fin 2011), faire face au décret contractualisation, placer l’éleveur au centre des revendications et être représenté par des éleveurs, sans autre ambition que la défense de la seule production laitière et des éleveurs.
3. Faire avancer nos idées en acceptant l’actualité politique et législative, sans être en conflit permanent et stérile.
Plus il y aura de producteurs, plus France MilkBoard pèsera lourd dans la balance et pourra valoriser le prix du lait. Il est donc extrêmement important pour France MilkBoard d’obtenir le maximum de promesses d’adhésion très rapidement. France MilkBoard ira au Ministère et pourra ainsi dire au Ministre qu’un très grand nombre de producteurs est contre la contractualisation telle qu’elle est imposée et est favorable à la régulation de la production. Si nous sommes assez forts, à ce moment là, nous pourrons influer sur la politique agricole. En effet, le Ministre nous a annoncé que le lait serait le précurseur de toutes les filières agricoles. A nous d’obtenir la régulation !
C’est exactement dans la même optique que travaille l’EMB sur les critères européens. Notre rôle est de construire et de faire tomber les barrières de plafond de regroupement : les règles sont faites pour être changées. Si comme c'est notre ambition, un très grand nombre de producteurs adhèrent à France MilkBoard, les politiques devront revoir leur copie. C'est par notre mobilisation (par les adhésions massives à l'OP France MilkBoard) que nous devons imposer ce que l'on veut et que nous pouvons échapper à cette obligation "systématique" de s'adapter aux règles que l'on veut nous imposer.
Le bulletin d’adhésion à France MilkBoard est disponible sur le site de l’OPL : www.producteurs-lait.com
Témoignage
Depuis mi-janvier, les réunions nationales de présentation de France MilkBoard, menées par Paul de Montvalon, l’OPL et l’APLI, se déroulent sur tout la France. Des milliers de producteurs de lait ont déjà pris connaissance de notre projet commun France MilkBoard. Des centaines d’adhésions sont d’ores et déjà signées. Les réunions continuent dans les départements, n’hésitez pas à vous renseigner et à venir y participer. Ce projet est crucial pour tous ceux qui veulent autre chose que la contractualisation obligatoire qu’on nous impose. A nous de défendre notre métier et notre rémunération. Ne comptons pas sur ceux qui vivent de leurs fonctions pour le faire à notre place !
Bernard Fougère, Vice-président de l’OPL.
Que veulent le gouvernement et les industriels ? Une industrie agroalimentaire forte.
Que voulons-nous ? Un prix rémunérateur, des exploitations viables, un métier rentable.
Nous avons les moyens d’imposer nos solutions ! Alors que choisissons-nous ?
L'Office du lait est une association à caractère interprofessionnel indépendante et transparente. Elle propose une alternative à l’asservissement : nous regrouper dans une Organisation de Producteurs non commerciale (France Milk Board) pour négocier les contrats et donc pour défendre notre revenu. En adhérant nombreux à France Milk Board, tout en continuant de travailler avec nos laiteries, nous donnerons mandat à notre nouvelle OP de signer des contrats collectifs garantissant nos coûts de production. Nous montrerons à notre Ministre notre capacité à nous regrouper et à organiser une nouvelle régulation de la production.
Nous voulons une autre politique et nous sommes prêts à la construire pour notre avenir et celui de nos enfants. Alors tous unis : adhérons à France MilkBoard !
Rappel congrès OPL 15 mars : mettre l’invitation en bas de page et dessus un petit texte :