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Le célèbre économiste français est décédé le 9 octobre dernier, à l’âge de 99 ans. Ses idées avaient rejoint et nourri la démarche de la CR, et son aide avait été précieuse pour l’écriture de « Révolution en vert et pour tous », premier livre de propositions publié en 1993. Jacques Laigneau faisait souvent référence à ses travaux. Retour sur une personnalité hors normes.

Un « un penseur libre », au risque d’être insaisissable

Il est difficile de résumer la vision de Maurice Allais : Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, a salué un « fervent défenseur du libéralisme » alors que la CR a salué à plusieurs reprises ses positions en faveur de la préférence communautaire. Paradoxal ? Non, Maurice Allais était juste un homme qui refusait les solutions simplistes et les raccourcis séduisants, au risque de se couper d’une partie du monde (et notamment des médias), si friand d’explications simples. En cela également, il était proche de la CR, confrontée au même type d’incompréhension lorsqu’elle tente d’exposer sa position sur certains sujets.

Pourtant, les réflexions de Maurice Allais sur la marche du monde sont d’une parfaite cohérence et d’une clarté sans faille, à condition de prendre le temps de dérouler sa démarche, d’embrasser avec lui les aspects multiples du problème. Cet esprit brillant, nourri aussi bien de mathématique que de philosophie, ne s’appréhende pas facilement, avec le risque donc d’une lecture faussée car parcellaire. C’est un fait que Maurice Allais était un défenseur du libéralisme, mais il a été également un farouche opposant à ses dérives, l’ultralibéralisme tel qu’il s’est développé (notamment dans les pays anglo-saxons) dans les années 80 et 90.

Un partisan de la préférence communautaire

Cet extrait d’une lettre ouverte de la CR au ministre de l’Agriculture Hervé Gaymard en mars 2003 illustre parfaitement cet aspect de la réflexion de Maurice Allais et en quoi il était ainsi proche des réflexions de la CR :
Maurice Allais (Prix Nobel d’économie) considère que le libre-échange en agriculture ne peut fonctionner qu’à l’intérieur de régions suffisamment homogènes et protégées : « dans tous les cas et en fonction d’objectifs à long terme, la mise en place d’un système protecteur modéré mais efficace doit être jugée hautement désirable ».

Libéralisme oui, mais dans un contexte équilibré et à condition de se préoccuper également de justice sociale.
C’est en cela que la pensée de Maurice Allais est un précieux soutien à (au moins) deux thèmes à la CR, la préférence communautaire et l’exception agriculturelle. Deux thèmes qui n’en font qu’un et ne sont qu’en apparence incompatibles avec l’idée de libre entreprise à laquelle la CR est par ailleurs très attachée. Complexe, mais logique.
En juin 2005, Maurice Allais nous avait ainsi autorisé à reproduire dans CR Infos une étude sur la nécessité de rétablir la préférence communautaire ; il y pointait, chiffres à l’appui, les conséquences catastrophiques de l’abandon par l’Europe de toute protection du marché communautaire, notamment en termes d’emploi. Ses conclusions de l’époque sont hélas toujours d’actualité et toujours lettre morte : contrairement à ce que prône l’OMC, la libéralisation n’est possible que dans le cadre de pays économiquement et socialement comparables.

Sa voix va nous manquer, mais le combat continue, en agriculture comme ailleurs.

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