Dans son dernier rapport, la Cour des comptes préconise de réduire les prélèvements en eau. Bien évidemment, l’agriculture n’échappe pas à cette volonté d’économie.

Reprenant les données chiffrées qui circulent depuis des mois sur le sujet, la cour rappelle que l’agriculture est en terme de prélèvement l’un des bons élèves de la classe, avec 3 milliard de m³ prélevés annuellement. Soit, 10 % des prélèvement annuels et donc loin derrière ceux effectués pour le refroidissement des centrales, l’eau potable, mais aussi l’alimentation des canaux.

Son raisonnement devient plus ambigu concernant les retenues collinaires ou de substitution. Le rapport relève l’ensemble des critiques dont ces ouvrages sont la cible, sans jamais tirer de conclusions. S’ils sont à ce point dangereux, on peut s’étonner que la Cour n’en demande pas immédiatement la destruction.

En recommandant « de conditionner le financement public des infrastructures de sécurisation de l’irrigation agricole à des engagements pris par les bénéficiaires notamment de réduction des consommations et des prélèvements », la cour suggère que ces ouvrages ont leur place dans le paysage. Cela rejoint les conclusions des sénateurs qui dans leur récent rapport se montrent beaucoup plus directs.

Elle évoque également les moyens pouvant conduire à une baisse des prélèvements. En la matière, la cour souligne que les aides pour un matériel d’irrigation plus performant par exemple, « progressent lentement ». La Coordination Rurale ne peut que souligner cette constatation. La baisse des prélèvements passera aussi par les progrès du matériel.

Enfin, la CR s’étonne que la Cour des comptes n’évoque que de manière très laconique la problématique des prix agricoles et de la juste rémunération des agriculteurs, frein majeur à de nouveaux investissements coûteux, à des modernisations, et in fine, à des démarches de transition.

La CR remercie tout de même la Cour des comptes de parler elle aussi de l’irrigation importée. Elle indique qu’il faut ajouter aux prélèvements d’eau douce, 15 Md de m3 d’eau consommés pour produire ce que nous importons de l’étranger et retrancher 7 Md de m3 pour nos exportations. Autrement dit, la CdC reconnaît que la France importe de l’eau ! Elle reconnaît aussi que les tensions sur l’eau sont bien plus importantes dans certains pays du globe. Mais elle ne fait pas le lien entre les 2 informations… Il est particulièrement regrettable et préjudiciable que la France importe de l’eau de pays sous tension (Maroc ou Espagne par exemple).

Demander aux irrigants de prélever moins revient à produire moins d’alimentation, donc à augmenter les importations. Outre la dépendance vis-à-vis des pays tiers pour nos ressources alimentaires, cette solution peut accroître les tensions sur l’eau des pays producteurs. On marche sur la tête.

La Coordination Rurale n’a pas peur de le dire : la France doit stocker plus d’eau pour produire son alimentation.

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