Le 8 août, le GIEC (Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations Unies), a publié un rapport sur la désertification et la dégradation des terres dans le monde et la relation avec le dérèglement climatique.

La CR salue le fait que le groupe de chercheurs provenant de 52 pays différents se penche sur la question de la vie du sol, ce que notre syndicat fait depuis plus de 20 ans via notamment le Festival du Non labour et semis direct (NLSD) et son engagement pour l’agriculture de conservation et les techniques culturales simplifiées. Ce rapport prouve ainsi que la CR est dans le vrai en défendant le modèle d’agriculture familiale qui fait la virtuosité de l’agriculture française ; un modèle productif permettant à l’agriculteur de diversifier et trouver un bon équilibre tant agronomique qu’économique au sein de son exploitation.

En revanche, la CR déplore que ce rapport ne mentionne à aucun moment les relations entre le changement climatique et les défaillances du système économique à la base du commence international de produits agricoles et alimentaires. Un système qui joue chaque jour avec la vie de millions de paysans, en menaçant la sécurité alimentaire de bon nombre de pays dans le monde. Si le dérèglement climatique peut accroître la volatilité des prix agricoles, comme indiqué dans le rapport du GIEC, la relation inverse est tout aussi vraie : les agriculteurs le vérifient depuis plus de 30 ans sur le terrain. Les prix qui flambent et dégringolent en un laps de temps très court – comme ce fut le cas en 2007-2008 et en 2010-2011 – ont un impact sur les choix de production des agriculteurs, sur la mise en place des rotations, sur les investissements dans des outils de production performants...

La Coordination Rurale regrette ainsi le manque de cohérence du gouvernement français qui salue – via un communiqué de presse de 4 ministres réunis(1) – la publication de ce rapport et fanfaronne sur les mesures et les objectifs de lutte au changement climatique mis en place en France, alors qu’il y a à peine une semaine le même gouvernement faisait ratifier le Ceta ! Repenser le système alimentaire ne veut pas simplement dire lutter contre le gaspillage alimentaire ou réduire la consommation de viande ! Le système alimentaire doit changer aussi en arrêtant d’importer des grains, des protéines végétales et de la viande de basse qualité de l’autre bout du monde ! À notre échelle, cela peut et doit se traduire par le rétablissement de la préférence communautaire, en priorisant le marché français et européen au marché mondial.

La CR exhorte les experts à se pencher sur les impacts du commerce international de matières premières agricoles et de biens alimentaires sur la déforestation et le changement climatique ; elle demande qu’ils analysent son impact sur la vie des sols et sur le dérèglement agronomique des systèmes de production agricole du monde entier.

Quelques indices : les cargos qui sillonnent l’Atlantique pour transporter des grains et aliments de bétail des États-Unis à l’Europe depuis les années 70 ; ou encore ceux qui transporteront de la viande bovine du Canada ou d’Argentine vers l’Europe suite aux accords de libre-échange.

Les aberrations environnementales ne sont pas à rechercher que dans le champ de l’agriculteur ou dans l’assiette du consommateur, mais dans le non-sens du libéralisme économique appliqué à l’agriculture et à l’alimentation !

 
(1) Ministère de l’Europe et des affaires étrangères, de la Transition écologique et solidaire, de l’Enseignement, de la Recherche et de l’Innovation, de l’Agriculture et de l’Alimentation.

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