En juin dernier, la Commission européenne a présenté une proposition de règlement visant à restaurer les écosystèmes naturels. S’il est adopté, ce règlement exigera des États membres la mise en place de mesures de restauration sur au moins 20 % des zones terrestres et maritimes européennes d’ici 2030. Les États membres devront élaborer leurs plans de restauration nationaux, qui préciseront notamment les zones ciblées, les mesures mises en œuvre et les financements dédiés. Plusieurs secteurs sont concernés : forêts, mers, littoraux, cours d’eau et les terres agricoles (…!).

La Coordination Rurale a questionné les députés européens français impliqués dans la commission Environnementale du Parlement qui porte cet avis, à savoir : Pascal Canfin et Yannick Jadot.
Nous leur avons rappelé que la guerre en Ukraine mettait en lumière des équilibres alimentaires totalement instables faisant peser des famines sur des peuples entiers. Dans ce contexte, comment peuvent-ils décemment proposer, comme c’est pour l’instant écrit dans le texte, de geler 10 % des terres agricoles ?

Il convient, à l’inverse, de travailler le plus rapidement possible pour une souveraineté alimentaire européenne et de se battre pour faire diminuer les importations toxiques qui englobent la déforestation et l’irrigation importées. Il est urgent de rééquilibrer nos productions européennes pour répondre aux besoins des citoyens européens et leur assurer une alimentation saine, sûre et durable !

En lien avec la Fédération française des associations de sauvegarde des moulins, la CR a également soulevé une autre aberration. Le projet de règlement prévoit une « restauration de la connectivité naturelle des cours d’eau et des fonctions naturelles des plaines inondables adjacentes » ; autrement dit, de supprimer les obstacles présents sur les cours d’eau de manière à transformer au moins 25 000 km de cours d’eau en cours d’eau à courant libre d’ici à 2030.

Or, durant plusieurs années, la France a encouragé la destruction des retenues d’eau en rivière. Ces petites retenues d’eau, constituées pour l’essentiel de milliers de chaussées de moulins à eau (petits barrages en rivière de faible hauteur), retiennent depuis des siècles des centaines de millions de m3 d’eau douce dans nos rivières, ralentissent les écoulements et jouent un rôle majeur dans le cycle de l’eau de nos vallées.

Ces barrages sont aussi grands que ceux réalisés par les castors et ne perturbent en aucun cas le passage des poissons. Leur destruction en France représente une perte de plusieurs dizaines de millions de m3 d’eau douce soustraite à nos rivières et qui ne participe dorénavant plus à l’alimentation de nos nappes comme elle le faisait pourtant depuis des siècles.

Des centaines de millions d’euros d’argent public ont été dépensés à l’accomplissement de cette politique unique dans notre Histoire, la rivière est dorénavant réduite à un mince filet d’eau voire à sec, là où elle était autrefois large et profonde. Sur le Thouet, l’Oudon, la Dhuy, le Vicoin, la Vire, le Rheins et bien d’autres, la presse régionale s’est faite l’écho cet été de la colère de riverains et de pêcheurs dénonçant ces destructions, leurs conséquences sur les milieux, dont des mortalités de poissons. Les eaux que retenaient ces chaussées ont disparu avec elles, asséchant partiellement ou totalement des centaines de kilomètres de rivières et de vallées. Et avec la disparition des eaux, la disparition des milieux aquatiques et rivulaires qui y vivaient auparavant. Il s’agit là d’une grande catastrophe écologique !

Les études sont claires, les sécheresses et les canicules vont succéder aux inondations, il est fondamental de conserver ces mini-retenues qui sont comme une éponge en été. Il serait impensable que cette erreur écologique, que nous avons réussie à stopper en France, soit approuvée au niveau européen !

La CR ne comprendrait pas que des représentants des écologistes approuvent cet avis !

Calendrier du texte :

1. 12 janvier 2023 : Les eurodéputés commencent l’examen du texte en commission environnement.
2. Mai 2023 :  vote en commission environnement du Parlement européen.
3. Juin 2023 : vote en plénière du Parlement européen à Strasbourg. En parallèle, le Conseil de l’Union européenne rend sa position publique sur le texte.
4. 2eme semestre 2023 : ouverture d’une période de négociations entre la Commission européenne, le Parlement européen et le Conseil de l’UE (trilogues) pour aboutir à un compromis politique sur la version finale du règlement européen.

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