Plus les négociations relatives au TTIP (Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement) entre les États-Unis et l'UE avancent, plus les éleveurs bovins européens et en particulier français voient la menace de la viande américaine se rapprocher. Avec 4 millions de vaches allaitantes, notre cheptel est le plus grand d'Europe. C'est un atout de taille à préserver !

 

Un produit classé « sensible »

Les négociateurs ont pris le parti de classer la viande bovine comme un produit sensible dans le cadre des négociations, ce qui peut conduire à une libéralisation totale des échanges, à un contingentement ou à une exclusion des négociations. Pour la CR, comme pour l'ensemble des acteurs de la filière, l'interprofession en tête, il est indéniable que la meilleure solution est que chacun privilégie sa production interne tant les standards de production sont différents et les risques économiques en Europe importants.
Cependant, dans le jeu des négociations, il semble que l'on s'oriente vers un contingentement de l'ordre de 100 à 150 000t, ce qui peut paraître peu à première vue, au regard de la consommation européenne de viande bovine, de l'ordre de 5 000 000 t.
La CR a toujours revendiqué, au titre de l'exception Agriculturelle, que l'agriculture et ses productions ne fassent pas l'objet d'accords commerciaux internationaux.

 

La principale source de revenu de la filière en première ligne

Si pour un éleveur, chaque kilo de carcasse produit a la même valeur, il en est tout autre au stade de la transformation et de la vente. Les morceaux nobles (moins d'un tiers du poids de carcasse) vendus plus cher compensent économiquement les morceaux à bouillir vendus moins cher.
Or les États-Unis, qui consomment préférentiellement de la viande hachée, sont excédentaires en morceaux nobles, et en particulier d'aloyau. Ils pourraient ainsi inonder le marché européen qui, dès lors, n'est plus de 5 000 000t (toute viande bovine) mais uniquement de 400 000t (marché de l'aloyau issu du cheptel allaitant – source Interbev). Ainsi, la viande d'importation américaine, à très bas prix, pourrait devenir la référence du marché européen pour fixer les prix, ce qui ne fera pas l'affaire des industriels et des éleveurs.

 

L'accord UE/Canada met les États-Unis en position de force

La production de viande bovine des USA étant 10 fois supérieure à celle du Canada, les premiers demandent à l'UE bien plus que les 50 000t à droit nul accordées au Canada. Les négociations TTIP, qui ne devraient pas aboutir avant 2017, porteraient sur 100 à 150 000 tonnes, mais pour la Section Viande de la CR c'est 100 à 150 000 tonnes de trop.
Les États-Unis pourraient envoyer de la viande fraîche en UE sans droit de douane par l'intermédiaire de l'accord conclu avec la Canada. En effet, l’incroyable crédulité des négociateurs a permis de glisser au dernier moment dans le texte définitif du CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement) des dispositions permettant d'inclure dans le contingent canadien de la viande d'animaux nés aux États-Unis et abattus au Canada. Ainsi par le jeu de la réciprocité des accords commerciaux, lorsque les négociations sur le TTIP aboutiront, les américains bénéficieront automatiquement de 67 500 tonnes de viande (les 50 000 tonnes supplémentaires et 17500 tonnes préexistantes) accordées par l'UE au Canada.

 

La CR rejoint les exigences d'Interbev

Afin de préserver le modèle d'élevage français, principal cheptel allaitant européen et de protéger les consommateurs européens de viandes issues d'animaux qui n'auront pas été élevés selon les standards européens réclamés par les consommateurs (absence de farine animale, absence d'antibiotiques comme facteur de croissance, minimum de place par animal, ...), la Section Viande de la CR, à l'image de l'interprofession, demande que la viande bovine soit exclue des négociations du TTIP.
Pour la section viande, l’enjeu est trop important pour négocier et envisager des contingents spécifiques sur les morceaux nobles. Tant que les normes de production imposées aux éleveurs européens ne seront pas intégralement transposées aux États-Unis, il est impératif de refuser tout compromis.
Ces négociations ne constituent qu'une nouvelle preuve, en plus de la réforme de la PAC, que l'UE livre son agriculture, dont sa branche la plus fragile l'élevage, au libéralisme à grande échelle. Pendant ce temps, la France rechigne à exporter des animaux vivants car il faut protéger les outils d'abattage et de transformation, en dépit de l'impact positif sur le revenu des éleveurs.

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