À l’initiative de la Coordination Rurale Haute-Garonne, un tour de table du département, s’est tenu avec les collectivités et les banques afin de trouver des solutions à la crise agricole actuelle. Une première en Occitanie.
 

Depuis maintenant deux ans, Thierry Laplaige, président de la CR 31 tire la sonnette d’alarme. Mais après l’alerte, il faut des actes. Aussi, vendredi 20 novembre, les banques (Loïc Guitton - BP Occitanie, Nicolas Mondinat - Crédit Mutuel Midi-Atlantique), la DDT (Céline Gay, Stéphanie Gusmini, et Jean-Luc Moign – DDT31) et la Coordination Rurale (Bernard Lannes- CRUN, Alain Pouget - CRUR Occitanie, Thierry Laplaige - CR 31) ont débattu des moyens exceptionnels à mobiliser pour aider les trésoreries malmenées et les drames humains qui pourraient en découler.

Année blanche : unique solution à la crise

Pour Thierry Laplaige, président de la CR 31 c’est « une crise jamais connue par le département faisant suite à 5 ans de problèmes de rendements bas, de climat rude, d’absence de prix rémunérateurs. Cette année culturale 2020 a été désastreuse avec des céréales d’hiver dans des conditions exécrables et sur lesquels s’est abattue une sécheresse sans précédant. Avec les mycotoxines, les prix sont divisés par deux pour les coopératives. Les dettes sont énormes envers les coopératives qui envoient des huissiers. Depuis 5 ans les trésoreries sont à plat. On arrive à la perspective d’une faillite généralisée pour les exploitants. Le but de cette réunion est que chacun fasse remonter au niveau national la situation dramatique des agriculteurs sur le terrain. En Haute-Garonne, depuis cinq ans le secteur céréalier est très touché. Nous attendions des chiffres et voilà que ceux du CERFRANCE nous explosent à la figure : 25 % des agriculteurs sont en zone rouge, voire noire. On en est à faire des prêts de campagne. Il faut une réaction très rapide, sachant que les prêts fonciers arrivent en début d’année. On ne peut que demander la mise en place d’une année blanche. »

Position partagée par Bernard Lannes « Le tableau est plus que morose puisque c’est du jamais vu de mémoire d’agriculteur. » Il y a bien un plan d’investissement annoncé par le ministère, mais ce dernier table sur l’avenir, or aujourd’hui il faut une réponse immédiate.

Nicolas Mondinat du Crédit Mutuel convient qu’il a des remontées d’informations très mauvaises du terrain et a promis de traiter chaque cas. « Nous avons deux options possibles : des prêts supplémentaires et des reports d’intérêts. Nous attendons de savoir ce qui va être décidé par les pouvoirs publics pour une action à plus grande échelle. »

Pour Loïc Guitton, de la Banque Populaire, le levier à actionner immédiatement serait de rencontrer les agriculteurs avec les coopératives, afin d’avoir une image des dettes et des trésoreries aussi fidèle que possible. Mais « pour prendre une position claire, on a besoin de visibilité : la difficulté que l’on rencontre sur ces analyses de remise en place de campagnes, c’est que l’on va regarder des chiffres qui remontent quasiment à N-2 maintenant, des acomptes ont été versés et l’on doit se projeter dans la campagne suivante. On a absolument besoin d’une vision des dettes de fonctionnement, ce que les coopératives peuvent indiquer. »

Partager les informations du terrain !

Un point sur lequel Alain Pouget (CRUR Occitanie) souhaitait avoir des précisions. « Les banques nous font remonter ces problèmes (qui deviennent récurrents) concernant les trésoreries en danger. Est-ce que les DTT ont des données suivies sur la moyenne des dettes ? Est-ce que ces données servent aux banques pour réaliser une analyse ? Et peut-on avoir un baromètre de l’endettement par département ? »

La DDT a reconnu un décalage, ainsi pour Jean-Louis Moign : « Je crois qu’il y a un gros effort à faire en ce qui concerne l’actualisation des données sur l’agriculture, de manière à ne pas avoir de décalage dans le temps, ce qui ne permet pas de réagir, alors que lorsqu’un agriculteur passe en redressement, les délais sont beaucoup plus courts que les données statistiques que l’on peut récupérer pour essayer d’anticiper des situations parfois difficiles. » De son côté, Céline Gay a certifié qu’elle fera suivre la demande de la CR 31, la prise en charge de report d’année blanche, et associera la DRAAF Occitanie au groupe de réflexion.

La CR 31, souhaitait que cette réunion soit un signal fort et que la demande d’anticipation ne permette plus de laisser l’agriculture en Occitanie « s’enterrer » petit à petit. D’autres rendez-vous suivront, puisqu’il s’agit aujourd’hui d’un devoir syndical !

 
Les intervenants DDT : - Céline GAY, Cheffe du Service Economie Agricole, Direction Départementale des Territoires de Haute Garonne - Jean Louis MOIGN, chef de l'unité soutien à la production et à l'agriculture durable . - Stéphanie Gusmini, gestionnaire des aides conjoncturelles et structurelles au sein de l'unité projets d’exploitation et développement durable. Madame Gusmini était en ligne lors de l'audioconférence cellule d'urgence de lundi matin. Crédit Mutuel : - Nicolas MONDINAT - Animateur Marché de l’Agriculture - Crédit Mutuel Midi-Atlantique-Direction Groupe Ouest Banque Populaire Occitanie : - Loîc GUITTON – Direction des marchés - Responsable Marché Agriculture Occitanie CRUN : Bernard Lannes, président CRUR Occitanie : Alain Pouget, président CR31 : Thierry Laplaige, président
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