Tandis que le projet de loi sur la transition énergétique est réexaminé le 9 juillet en séance publique au Sénat, la Coordination Rurale s’insurge une nouvelle fois contre l’inclusion du méthane entérique dans la stratégie nationale bas carbone. Nos parlementaires doivent rétablir le bon sens et éviter une stigmatisation inutile des éleveurs et de leurs animaux, en excluant le méthane entérique de la stratégie nationale « bas carbone ».

Méthane entérique : un impact insignifiant sur le climat

Le Ministère de l’Ecologie souhaite nous faire croire que le méthane entérique joue un rôle important dans le changement climatique et qu’à ce titre, il est nécessaire de l’inclure dans la stratégie nationale « bas carbone », participant à l’effort de la France en faveur du climat.

Le méthane n’est présent dans l’atmosphère qu’en quantité infime : 0,00018%. Comme l’indique le physicien François Gervais dans une note : Rôle négligeable du méthane sur le climat (note de Fraçois Gervais); sa proportion dans l’air a doublé au cours du 20e s. mais l’augmentation a beaucoup décéléré depuis une trentaine d’années et elle est quasiment stabilisée.

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François Gervais fait de plus remarquer que la température moyenne de la Terre décroit légèrement à partir des années 2000. Cette tendance est d’ailleurs qualifiée de « hiatus » par le GIEC.

Malgré un potentiel de réchauffement global de 28 (celui du CO2 est de 1), le méthane ne joue qu’un rôle mineur dans l’effet de serre naturel. On l’oublie trop souvent, le 1er gaz à effet de serre est la vapeur d’eau. Si l’on y ajoute la contribution des nuages, 72% de l’effet serre est en fait dû à l’eau, à comparer avec les 2% dus au méthane.

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Même en postulant que l’effet de serre additionnel est lié aux émissions de gaz à effet de serre générées par les activités humaines, et non à des variations de l’activité solaire comme certains chercheurs le soutiennent, le méthane n’y joue qu’un rôle secondaire.

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Seuls 15% de l’effet de serre additionnel seraient causés par le méthane alors que 56% le seraient par le CO2. Et il faut avoir à l’esprit les proportions suivantes : l’effet de serre additionnel (2,9 W de flux énergétique par m²) ne représente que 1,9% de l’effet de serre naturel (155 W/m²).

Reste à considérer la part de l’élevage dans les émissions de méthane : 27%. Mais il y a d’autres sources d’émissions importantes, comme les énergies fossiles ou les déchets sans compter la faune sauvage ruminante.

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Paradoxalement, l’élevage à l’herbe est celui qui émet le plus de méthane...

En France, le méthane représente 12% des émissions de gaz à effet de serre et 80% des émissions de méthane proviennent de l’élevage : fermentation entérique (2/3) et déjections animales (1/3).

Le méthane entérique est produit par la fermentation microbienne des glucides chez les ruminants (bovins, ovins, caprins) et les équidés. Une vache laitière émet par exemple 119 kg de méthane par an, un mouton 8 kg et un porc 1 kg.

Il est paradoxal de constater que l’élevage à l’herbe, défendu par nos responsables politiques, soit celui qui émet le plus de méthane. En 2010, les CIVAM de Bretagne ont réalisé une synthèse bibliographique sur ce sujet (http://www.civam.org/images/actions/ressources/agriculture%20durable/synthesemethane.pdf). La part de gaz issue de la fermentation entérique est en moyenne de 63 % pour les herbagers contre 58 % pour les non herbagers.

Le type d’alimentation influe grandement sur la quantité de méthane produite par l’animal, qui diminue avec l’ingestion de concentrés (contenant moins de parois végétales que les fourrages), d’acides gras polyinsaturés ou de compléments à base de nitrates. L’intensification animale permet de réduire sensiblement la production de méthane par kg de lait (http://prodinra.inra.fr/ft?id=929320A6-1702-4FC5-ACD8-0F3F8A227202).

Mais faut-il pour autant renoncer à l'élevage à l'herbe ? Bien sûr que non ! Une trop grande fixation sur la contribution des vaches au réchauffement climatique, débouche, on le voit, sur une absurdité sans pareil !

En finir avec les incohérences et les dogmes !

Nous pouvons donc en conclure que la contribution du méthane entérique des ruminants d’élevage dans le supposé réchauffement climatique est infime et il est totalement illusoire de croire qu’une réduction franco-française des émissions pourra y changer quelque chose. Elle risque seulement de pénaliser encore davantage nos éleveurs, déjà écrasés par le poids des règlementations environnementales et par la concurrence déloyale. Ce qui ne sera plus produit en France le sera ailleurs, avec toutes les conséquences que cela entraine.

Finalement, n’y-a-t-il pas quelque chose de pervers dans le raisonnement consistant à dire que des animaux, des êtres vivants, serait l’une des causes d'un changement du climat… qui n’a jamais cessé de varier depuis que le monde est monde ?

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