Lors de la table ronde du mois de juin, un accord de l'ensemble des acteurs de la filière bovine avait été annoncé pour aboutir à une augmentation de 0,05€/kgc (kilogramme carcasse) par semaine. Où en sommes-nous trois semaines après ? Tel était le sens de la réunion de suivi de cet accord à laquelle la section viande de la CR a assisté ce mercredi 8 juillet.



Un frémissement plutôt qu'une hausse

Le chef du cabinet du ministre de l’Agriculture s'est montré délibérément optimiste en constatant une hausse moyenne de 0,02€/kgc. Cependant, comme chacun peut le constater au quotidien sur le terrain, il ne s'agit que d'une moyenne, bien loin des 0,05 annoncés, qui cache de grandes disparités entre les différents opérateurs. Selon les observations des fédérations présentes, les augmentations sont d'inexistantes à très significatives (+0,10€/kgc). Si certains y voient presque un exploit dans une conjoncture qui aurait dû conduire à une baisse (Grèce, sècheresse, baisse de la consommation, …), la CR donne, pour le moment encore, le bénéfice du doute aux opérateurs économiques en se joignant aux vœux du ministère qui considère ces trois premières semaines comme une période de rodage. En attendant, les éleveurs qui trinquent toujours et les fonds d'allègement des charges sont encore à l'état de dossier (voir notre article à ce sujet)



Un médiateur pour surveiller l'application de l'accord

Stéphane Le Foll a nommé un médiateur des relations commerciales agricoles pour veiller au bon respect des engagements pris par chacun lors de table ronde. Il peut être saisi par les différents opérateurs en cas de manquement d'un fournisseur ou d'un client. Il est impératif pour que le marché ait une chance de se stabiliser que tout le monde respecte sa parole sans vouloir augmenter ses marges. Le cabinet du ministre a souligné l'importance du médiateur qui doit être informé de toute velléité de ne pas respecter l'accord. Celui-ci dispose d'ailleurs d'informations abatteur par abatteur et site par site.
La CR propose d'ailleurs que ce médiateur soit « démultiplié » en région pour que les éleveurs puissent plus facilement y avoir recours et ainsi ne plus être esseulés dans les négociations commerciales avec leurs acheteurs.



Le combat du prix : attention à la poudre aux yeux !

La problématique du prix, depuis toujours portée à bout de bras par la section viande de la CR, semble maintenant reprise par beaucoup, certainement trop tard. Cela peut aboutir soit à un véritable espoir, soit, une nouvelle fois, à de la poudre aux yeux. Dans le doute, il est préférable de donner une chance à cet accord même si beaucoup d'éleveurs de la section viande n'y croient pas tant que durera cette PAC de dérégulation. Le ministre l'a dit et répété, un prix ne se décrète pas mais rien n'empêche le gouvernement de créer les conditions légales pour que les producteurs reprennent la main sur la commercialisation de leur production, en régulant eux-mêmes le marché. La Section Viande de la CR le réclame, mais comme pour la question des prix, il faudra peut-être un peu de temps pour que cela soit compris par tous, en France et à Bruxelles.
Le ministère surveillera les volumes abattus dans chaque catégorie, car nous constatons déjà une baisse des abattages, particulièrement en vache allaitante. Si pour les quelques centimes obtenus, le marché est engorgé, tout cela n'aura servi véritablement à rien. Pire encore, la faible hausse pourrait avoir rapidement des effets pervers en provoquant une chute des abattages ; quoi de plus ridicule dans un marché déficitaire !



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