La Compagnie d’Aménagement des Côteaux de Gascogne (CACG), gestionnaire pour l’État du « système Neste » qui alimente en eau toute la Gascogne, a voté une révision de ses tarifs pour 2023 qui pénalise fortement les agriculteurs.

Un projet de révision tarifaire qui va ruiner nombre d’agriculteurs

Les agriculteurs dépendant du système Neste pour l'irrigation paieront désormais l'eau en proportion de leur consommation et de la disponibilité de la ressource selon les périodes de l’année. Cette évolution tarifaire découle des recommandations de l'INRAE. Objectifs : économiser l’eau face au changement climatique et financer la rénovation du réseau de distribution, prochainement transféré par l’État aux collectivités locales et aux banques. Or, l'agriculture du Sud-Ouest dépend en grande partie de l'accès à l'eau. Résultat : pas moins de 1 500 irrigants sur 5 départements (31, 32, 47, 65, 82) vont voir leur facture d’eau doubler !

Des augmentations de charges à répétition

Le problème, c’est que tout augmente pour les agriculteurs. Leur facture énergétique, rien que pour le pompage de l’eau, a déjà triplé voire quadruplé ! « L'augmentation des charges est exponentielle ! Une augmentation du prix de l’eau telle que proposée aujourd’hui va encore alourdir nos coûts de production et décourager bon nombre d'entre nous » s’insurge Thierry Guilbert, président de la CR 32. Anne Carbonnel, agricultrice dans le Gers, rappelle que « la CACG répercute la hausse de ses coûts sur les agriculteurs, mais eux n’ont pas la possibilité de répercuter la hausse des leurs » car ils sont soumis au prix du marché.

Un refus de payer pour sauver la planète ou les pots cassés

Par ailleurs, il n’y a pas de raison que ce soit aux agriculteurs de payer « l’eau environnementale » qui sert à maintenir le débit des rivières constant toute l’année et qui finit dans la mer et pas sur les exploitations ! L’agriculture n’utilise que 30 % de l'eau du système Neste mais assure 70 % de son financement !

De surcroît, les restrictions sur les prélèvements en eau étant devenues monnaie courante chaque année, les agriculteurs vont payer l’eau plus cher avec cette réforme tarifaire sans pour autant être assurés de pouvoir mener leurs cultures à terme ! « On paye pour une ressource dont on n’est pas sûr de pouvoir disposer » clame Eric Préchacq, président de la CR 65, qui dénonce également une facturation complexe « Je paye à trois organismes différents pour arroser la même parcelle ». C’est un véritable ras-le-bol, entre augmentations et restrictions, qui s’exprime lors d'un nouvel acte de mobilisation fin janvier 2023.

Un appel au stockage de l'eau de l'hiver pour les étés secs

Face à cette impasse, il devient nécessaire d'accroître le volume d'eau disponible. La Coordination Rurale plaide pour une relance rapide des programmes de construction de retenues d'eau avec l'argent public et pour une simplification des réserves d'eau de moins de 150 000 m³. Pour les agriculteurs, faire des lacs demande de dépenser des fortunes en études de projets pour, in fine, ne pas être autorisés à les construire. « Il y a toujours un écolo pour trouver une crevette d’eau douce et faire interdire le projet » rappelle Thierry Guilbert.

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