L’année 2017 a bien commencé pour les agriculteurs de l’Aude avec de violents orages et des inondations en février, suivis d’une sécheresse dans la partie Est du département. Les vignes sont maintenant confrontées à des gelées successives dans le centre et l’Est. La Coordination Rurale de l’Aude est inquiète.Des dégâts considérables sont enregistrés sur 20 000 hectares de vignes. Les secteurs du Limouxin, du Cabardès, du Minervois, du Narbonnais et des Hautes-Corbières ont été touchés.

Le préfet est en passe de déclarer le département sinistré. Les agriculteurs pourront dès lors accéder officiellement aux aides déployées en pareil cas (exonération des impôts fonciers et de cotisations sociales exploitants), des enveloppes seront mises en place. Chaque dossier individuel sera étudié par les services dits compétents (DDTM, MSA, Impôts), avec pour but non avoué d’en rejeter un maximum sous divers prétextes. Par exemple, si vous êtes en système de polyculture céréales et vignes, et que seules les vignes sont touchées, votre dossier est rejeté !

On reprochera évidemment aux agriculteurs de ne pas avoir souscrit des assurances climatiques. Mais ces assurances ne sont pas adaptées à la situation du terrain et aux trésoreries exsangues. D’autant que pour des sinistres de ce type, très peu de viticulteurs répondrons aux critères exigés pour l’indemnisation. Cliquez ici pour consulter l’analyse de la CR sur le contrat socle

Conclusion : après des mois de constitution de dossiers, d’examens, de réunions, de commissions, beaucoup d’entre nous n’auront droit qu’à très peu, voire à rien. Les enveloppes conséquentes consacrées à ce sinistre ne seront même pas utilisées en totalité, ce qui donnera toute satisfaction à l’État. Les agriculteurs et viticulteurs devront se débrouiller seuls pour assumer leurs frais d’exploitation, pourvoir à leur subsistance et à celle de leur famille et négocier face à leur banquier pour obtenir de la trésorerie et reculer leurs échéances. Malgré la certitude de ne pas récolter en 2017, il faut continuer à travailler et traiter les vignes pour les préserver pour l’année prochaine !

L’agriculture française continue de sombrer avec les désastres climatiques (sécheresse, inondations, gel, grêles), économiques (prix de vente de plus en plus bas) et sociaux (baisse des revenus). Désormais plus de la moitié des agriculteurs français ont un revenu mensuel inférieur à 430 euros et 75 % d’entre eux n’arrivent pas à dégager un SMIC mensuel… Lors de la mise en place de la PAC en 1992, la France était le premier pays agricole européen. Nous sommes aujourd’hui le troisième après l’Allemagne et les Pays-Bas et nous allons très rapidement laisser notre place aux Espagnols. Quelle réussite !

Les Audois se souviennent de ces équipes de vendangeurs espagnols qui commençaient les récoltes dans le Narbonnais, les poursuivaient dans le Carcassonnais ou le Razès avant de les terminer dans le Gers et les Charentes. Si la situation perdure, nous serons contraints d’aller vendanger en Catalogne, Castille-La Manche et Andalousie. Avec ses 50 millions d’hectolitres de vins, l’Espagne produit plus et moins cher que nous !

La CR11 est obligée de constater le résultat de la PAC en France ! Que faire aujourd’hui pour essayer d’arrêter le déclin de notre agriculture audoise ?

La CR11 demande à l’État de :

  • verser immédiatement toutes les aides PAC de 2015 et 2016 aux céréaliers et éleveurs et les aides FranceAgriMer aux viticulteurs.
  • suspendre totalement les cotisations MSA exploitant et les impôts foncier pour 2017.
  • stopper la surtransposition et d'alléger les règlements administratifs nationaux et européens.

Jean-Philippe Rives

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