Comme après chaque incident climatique, des voix s’élèvent pour rendre obligatoire l’assurance climatique chez les agriculteurs ; mais est-ce vraiment LA solution que les agriculteurs attendent ?

Suite aux violents épisodes de grêle survenus dans la Drôme, de nombreux arboriculteurs et viticulteurs ont vu l’intégralité de leur récolte détruite et celles à venir s’écrivent en pointillés. L’État a rapidement annoncé des mesures comme des exonérations de charges et d’impôts et surtout un classement en calamité agricole pour qu’une partie des pertes de récoltes soit prise en charge par l’État. Mais soyons sérieux, cela ne suffira pas.

Quels outils est-il possible de mettre en place pour faire face à ces incidents climatiques à répétition ?

La sacro-sainte assurance récolte : vénérée par les administrateurs de Groupama et du Crédit Agricole, elle permettrait également au gouvernement d’économiser en réduisant les compensations actuellement mises en place. Certes, cette assurance est un format judicieux pour certains types d’exploitations, notamment celles ayant une production à forte valeur ajoutée, mais elle n’est clairement pas accessible à tous.

Dans certaines zones d’aléas climatiques à répétition, les tarifs deviennent prohibitifs et vont même parfois jusqu’au refus de certaines compagnies d’assurer les agriculteurs car cela ne serait pas rentable pour l’assurance.

L'assurance climatique, un outil intéressant pour une frange des agriculteurs mais qui n’est aujourd’hui ni accessible, ni adapté à tous

L’épargne de précaution : récemment remodelée par le Gouvernement, elle permet de mettre en réserve dans le but de se prémunir face à un accident sanitaire ou climatique. Une mesure intéressante permettant notamment aux agriculteurs de conserver leur indépendance mais qui ne peut être suffisamment exploitée faute de revenu suffisant.

Le Volume complémentaire individuel (en viticulture) : il permet de mettre en réserve une partie de sa récolte de façon à se créer un stock « de sécurité » et faire ainsi face à une éventuelle perte de récolte les années suivantes. Encore au stade expérimental, la Coordination Rurale souhaite que ce dispositif se généralise à l’ensemble du vignoble (AOC, IGP et VSIG) et que son utilisation soit simplifiée.

Les dispositifs de prévention et de lutte : face au gel et à la grêle, de nouveaux dispositifs se développent à travers des réseaux mutualisés afin d’éviter (au moins partiellement) ces incidents. Ainsi, lors de l’épisode de grêle survenu ces derniers jours en Auvergne-Rhône-Alpes, le département du Rhône a déclenché son dispositif anti-grêle qui lui a permis de protéger la quasi-totalité de son département : les cultures agricoles, les bâtiments des collectivités territoriales et des entreprises privées mais aussi les habitations. Des dispositifs similaires sont également mis en place en Provence et en Charente.  

Pour l’ensemble de ces outils, un facteur indispensable manque à l’appel pour qu’ils puissent être adoptés  : un revenu correct pour les agriculteurs. Sans revenu, il n’est ni possible de souscrire à une assurance, ni possible d’épargner, ni possible d’accéder à un dispositif de lutte anti-grêle ou antigel.

Parallèlement à la volonté d’améliorer le revenu des agriculteurs, la Coordination Rurale souhaite que l’ensemble de ces dispositifs soient davantage développés de façon à proposer un maximum de solutions aux agriculteurs. En revanche, nous nous opposons à l’obligation de souscrire à une quelconque assurance ou dispositif. On ne peut résoudre un problème en ajoutant de nouvelles contraintes financières à l’agriculteur.

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