C’était sûrement trop beau pour être vrai ! Un décret paru le 29 juin 2022 au Journal officiel actait enfin plus de 330 dénominations (viande hachée, charcuterie, etc.) qui seraient exclusivement réservées aux productions animales. Mais c’était sans compter sur un recours devant le Conseil d’État, qui moins d’un mois après, annulerait cette décision.

Alors que face aux agriculteurs, certaines personnes "en responsabilité" dans le monde agricole, s'indignent de l'annulation du décret interdisant d’utiliser des dénominations animales pour les protéines végétales, en tant que représentants de la Coordination Rurale nous mettons les pieds dans le plat et demandons aux membres de Protéines France d'afficher leurs positions réelles vis-à-vis de l'élevage. Car c'est bien cette association, issue d'acteurs importants du monde agricole, qui est à l'origine de ce recours devant le Conseil d’État.

Mais qui retrouve-t-on dans Protéines France ? Les principales coopératives agricoles directement (Limagrain, Vivescia, Tereos, Axéréal…) ou indirectement (Soufflet, filiale d'In Vivo), des instituts techniques (Terres Inovia), et des nébuleuses de la FNSEA (Groupe Avril - déjà épinglé pour l'huile de palme), qui ont tous leur voix au chapitre.

Quelques-uns ont tenu à préciser ne pas avoir validé cette décision de recours, mais alors pourquoi ne pas s’y être opposé fermement ? Comment rester dans un consortium quand les avis divergent sur des points aussi importants que celui-ci ? Qui va oser assumer cette attaque en règle contre le monde de l’élevage ?

Si la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, s’est fendue d’un communiqué, pourquoi ne rappelle-t-elle pas à l’ordre les mêmes responsables qui forment ses rangs et qui ont fermé les yeux sur ce recours ? Où sont les JA ? Que fait la Confédération Paysanne ?

Nous sommes fatigués de ce double discours, celui que l'on tient devant les médias et paysans, et celui que l’on vote dans les salons feutrés à Paris. La Coordination Rurale n'est pas opposée aux protéines végétales, qui représentent un marché, mais leur promotion et communication ne doivent pas se faire en opposition aux éleveurs. L’utilisation des termes propres à la vraie viande, volés à la filière qui a travaillé dur pour défendre une image de qualité et de traçabilité, doit être cadrée et exclusive à l’élevage, et ce dans les meilleurs délais.

 

Stéphane Charbonneau, Responsable section Viande de la CR

Damien Brunelle, Président de France Grandes Cultures

Dans la même catégorie

Grandes cultures
Grandes cultures
Grandes cultures
Économie