Lundi 26 juillet, Pascal Aubry, secrétaire générale de la Coordination Rurale de Mayenne et éleveur de porcs, a rencontré en visioconférence les parlementaires de la Mayenne. Il a ainsi pu discuter avec Élisabeth Doineau (sénatrice), Guillaume Garot (député) et Géraldine Bannier (députée) de l'arrêt de la castration à vif des porcelets prévu le 1er janvier 2022.
À ce jour, beaucoup d'éleveurs n'ont pas accès à une alternative convenable et vont se trouver devant une impasse. En effet, aucune de celles proposées aujourd’hui n’est idéale. - L’immunocastration pose problème car, en plus de sa difficulté de mise en œuvre, l’image de la profession risque d’être entachée. Que penseront les consommateurs quand ils sauront que les porcs sont piqués aux hormones ? - L’anesthésie locale est quant à elle compliquée à mettre en œuvre car il faut faire une injection dans chaque testicule avant la castration. Cette tâche doit être réalisée par un vétérinaire. Cependant, il est fort probable qu’ils n’auront pas les moyens ni le temps d’anesthésier tous les porcs de leur zone. - L’anesthésie générale coûterait cher en matériel à l’éleveur mais aurait tout de même pour avantage de permettre de réaliser de nombreux soins aux porcelets en une fois (coupage de queue, vaccin, tatouage, etc).
Aujourd’hui, les mâles castrés représentent la grande majorité de la consommation de porc. En effet, le marché du mâle entier est déjà saturé. Pour rappel, les éleveurs castrent pour rendre la viande consommable. En effet, la qualité de la viande n’est pas la même entre un mâle castré et un mâle entier. Les mâles entiers ont une viande plus sèche avec moins de gras et présentent un risque de viandes odorantes plus élevé. La CR 53 a proposé aux parlementaires de visiter l’abattoir de Laval qui abat des mâles entiers depuis plus d’un an. Ainsi, ils pourraient voir la différence de comportement entre les porcs castrés et les mâles entiers, notamment au niveau du bruit.
Aujourd’hui, les éleveurs sont d’accord pour arrêter la castration à vif mais demandent des alternatives ou un délai à l’application du décret. Plus précisément, la CR insiste pour que l’alternative choisie soit laissée à l’appréciation de l’éleveur. De plus, il faudra que la formation aux nouvelles méthodes d’utilisation d’analgésie et d’anesthésie soit financée en intégralité et que l’achat de produits ou d’outils nécessaires à l’utilisation d’analgésie ou d’anesthésie soit subventionné à 80 % les trois premières années par l’État et l’interprofession Inaporc. Il serait intéressant d’intégrer au plan de relance le financement et les formations nécessaires à la mise en application du décret. Les parlementaires de la Mayenne vont interpeller une nouvelle fois le ministre de l’Agriculture pour avoir des indications plus précises quant aux conditions dans lesquelles les éleveurs pourront continuer à castrer les porcelets.