Le vendredi 1er septembre 2023 a eu lieu une journée d’information sur les énergies solaires, à l’initiative des frères Branlard à la Ferme de la Chevalerie située à Montaillé dans la Sarthe. L’objectif était de présenter « Les Agriculteurs solaires », une société récemment créée par Grégory Grellet, ingénieur énergie et dont la démarche consiste à co-construire des projets solaires en plaçant les agriculteurs au cœur du dispositif.

Cette journée a notamment réuni des agriculteurs, des élus locaux, départementaux, la chambre d’agriculture départementale ainsi que la Coordination Rurale de la Sarthe (CR72), représentée par son président, Stéphane Porte.

Une démarche louable

Les Agriculteurs solaires est un collectif d’agriculteurs dont le but est le développement de l’énergie solaire dans les fermes avec comme missions :

- garantir le contrôle des agriculteurs sur leurs terres. Les agriculteurs qui s’engagent dans un projet participent dans les structures de production agri-solaires à hauteur de 80 %.

- créer des projets en adéquation avec les pratiques agricoles de chaque exploitation.

- travailler en co-construction avec les élus locaux pour concevoir les parcs agrivoltaïques.

- engager un maximum 10% de SAU de l’exploitation pour limiter l’artificialisation des terres.

Ils ont également le projet d’attribuer une partie de l’électricité produite pour la consommation de l’exploitation agricole, des riverains et des activités artisanales et économiques à proximité.

La Coordination Rurale est pour la liberté d’entreprendre et valorise ce type de projet qui favorise les exploitations à taille humaine, qui assurent une souverainetés alimentaire et énergétique pour les territoires.

Un questionnement sur les apports agronomiques

Le président de la CR 72 s’interroge sur la finalité de ce type de projet : « J’ai eu l’impression que l’idée est de remplacer l’agroforesterie par l’agrivoltaïsme. Cette idée me dérange. Pour moi, il faut plutôt équiper les bâtiments et privilégier l’approche de l’agroforesterie pour les champs. Mettre des rangées de panneaux dans nos parcelles, au-delà de l’aspect esthétique discutable, c’est les aspects agronomiques et économiques qui m’interrogent. L’agriculteur est avant tout un paysan autrement dit une personne vivant du travail de la terre. La diversification des sources de revenus est intéressante mais j’ai l’impression que l’on perd l’essentiel. Beaucoup d’agriculteurs ont des difficultés à vivre de leurs cultures alors ils se tournent vers la production d’énergie. C’est un autre métier. Il n’est pas normal que nos productions ne nous permettent pas de vivre décemment de notre travail. Il nous faut des prix rémunérateurs ! La production d’énergie pour un agriculteur doit rester un complet de revenu et une activité secondaire ».

Les arguments agroécologiques principaux sont l’apport d’un abri d’ombrage pour le bétail et la création de bandes enherbées permettant de restaurer la biodiversité dans les grandes parcelles de monocultures.

Ces avantages peuvent être obtenus avec la plantation d’arbres qui présente une valeur supérieure en matière de biodiversité. Stéphane Porte ajoute : « L’utilisation d’arbres plutôt que des panneaux est également plus intéressante pour la gestion de l’eau ».

Comme le souligne Laurent Denise, expert en climatologie et météorologie : «Les végétaux ont un rôle primordial dans le cycle de l’eau : 70% du volume des précipitations continentales proviennent de l’évapotranspiration de la végétation. Un sol sec ou artificialisé monte bien plus vite en température qu’un sol végétalisé qui garde de l’humidité, et la sécheresse provoque ainsi la canicule avec un effet très pervers : plus il fera sec, plus il fera chaud et moins on aura de pluie. La disparition de la couverture végétale, c'est la spirale infernale de la désertification ! ».

Pour en savoir plus :

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L’agrivoltaïsme, une alternative à contrecœur...

Les projets de diversification des sources de revenus augmentent de plus en plus dans le milieu agricole. La faute aux prix qui ne sont pas assez élevés, aux nombreuses crises financières et climatiques mais aussi aux politiques agricoles toujours plus contraignantes pour des primes de plus en plus réduites. Certains font le choix d’arrêter complètement l’agriculture. La transmission des exploitations n’a jamais été si compliquée. C’est maintenant que se joue l’avenir de la profession. Restera-t-il des paysans dans quelles années ? Sans changements, cela paraît difficilement envisageable.

Et vous, vous voudriez voir quoi demain dans vos champs ?

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