Le 25 août 2023, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, a entrepris une série de visites dans le département de l’Hérault. Au cours de cette journée officielle, celui-ci a rencontré agriculteurs et viticulteurs, afin d’évoquer avec eux les divers problèmes auxquels ils sont confrontés.

Les conséquences du changement climatique pointées du doigt par les viticulteurs

La sécheresse, l’un des principaux fléaux de l’année 2023, a été le sujet central des discussions. Marc Fesneau a pu constater les dégâts causés par ce phénomène en visitant des distilleries, des parcelles de vignes et des caves coopératives.
Lors de sa rencontre avec les agriculteurs et les viticulteurs à Sérignan, le ministre a pris conscience des défis posés par la sécheresse et notamment l’impact des aléas climatiques, à la fois dangereux pour la pérennité des activités agricoles et responsables de la démoralisation grandissante parmi les producteurs. Beaucoup ont exprimé leur insatisfaction concernant la complexité du système actuel et le manque de réponses concrètes aux difficultés auxquelles ils sont confrontés.
Marc Fesneau a souligné la nécessité d’une évolution du système agricole pour faire face aux défis actuels, tout en préservant la pérennité économique. Il a notamment évoqué la crise viticole et la question du financement d’indemnisations par l’État pour atténuer l’impact des difficultés conjoncturelles sur la filière. Aussi, le ministère de l’Agriculture a annoncé une augmentation de l’enveloppe dédiée à la destruction des excédents de vin, passant de 160 millions à 200 millions d’euros. Cette aide vise à compenser les pertes des producteurs en retirant leur vin du marché pour le transformer en alcool non destiné à la consommation, contribuant ainsi à réduire les stocks excédentaires.

Des problématiques locales mises en avant par les acteurs du monde rural

La visite s’est conclue par une table ronde à la cave coopérative de Sérignan, où des participants, dont des représentants d’associations agricoles, ont pu exprimer leurs préoccupations et suggestions. Au-delà de thèmes récurrents tels que la complexité administrative, les défis sanitaires et la nécessité d’attirer les jeunes vers le secteur agricole, la construction d’un barrage anti-sel sur l’Orb a été évoquée. Le projet, soutenu par le maire de Béziers, Robert Ménard, et le président de l’association intercommunale de protection de la Basse-Plaine de l’Orb, Paul Thomas, nécessite le soutien du ministère de l’Agriculture pour être mené à son terme.

« Le modèle actuel est en train de tuer notre agriculture et notre ruralité »

Jean-François CHAPERON, Président de la CR34, nous donne son sentiment :

« Il est très intéressant d’avoir pu participer à cette table ronde, avec le ministre de l’Agriculture, ainsi que de nombreux élus, dont Irène Tolleret, députée européenne et des représentants des « services » de l’État.
Ils se sont également rendus disponibles pour discuter, en face à face, autour d’un verre de vin. Tout le monde s’accorde sur les problématiques, les contraintes administratives, les aléas climatiques, le coût de main d’œuvre et d’intrants, les phytos, les bobos écolos, les prédateurs etc…

Cependant il ne faut pas être dupe. L’agriculture française prend le même chemin que l’industrie française. Le ministre, la députée européenne et la FNSEA se congratulent mutuellement du travail réalisé en commun sur la nouvelle PAC, les 40 millions pour distiller le vin invendu, la réforme des assurances, etc…
Mais, leur stratégie est claire, la partie est perdue. De toute façon, les agriculteurs ne représenteront plus que 1 % de la population dans 10 ans. La FNSEA réfléchirait même à un plan d’arrachage, d’abattage avec dès pré-retraites.

Il leur faut une agriculture avec une approche agro-industrielle :

« Regardez le modèle du vin de LVMH, ou encore Lactalis, Danone etc… Voilà des gens qui savent travailler et qui font briller la France ! » se sont-ils exclamés.

C’est bien ce modèle qui est en train de tuer notre agriculture et notre ruralité.

Pour ma part, je pense que la partie n’est pas perdue.

Ne comptons pas sur un ministre ou un quelconque « Messie » politique pour nous sauver.

L’année prochaine se tiendront les élections des chambres d’agriculture. Être représentés dans chaque département est notre clé d’accès aux décisions et le moyen d’amener de la biodiversité dans la vie rurale.
La biodiversité rurale, c’est adapter nos modes de production au terroir, au climat et aux Hommes qui vivent sur le territoire.

Dans ma commune, nous élevons des moutons et des chèvres (qui peuvent aussi vendre à Lactalis, qui exportera du Roquefort aux 4 coins du monde), plantons des truffières et des oliviers et quelques vignes à faible rendement sur le causse. Dans la vallée à 5 km de là, nous produisons des fruits et des légumes, de belle vignes généreuses vinifiées en cave coopérative qui produisent d’excellents vins accessibles à tout le monde ainsi que des céréales et des semences. Il y a du bio, du conventionnel, de l’agro-foresterie de l’agro-écologie.

Ne nous laissons pas manipuler par une minorité encore plus petite que nous. Chacun a une raison d’être. Nous ne représentons que 2 % de la population, mais avec les forestiers, 70 % du territoire.

Concentrons nous, tous, sur cet objectif de rentrée, nous agricultrices et agriculteurs ainsi que les animateurs salariés de la Coordination Rurale.

Et n’oubliez pas que le meilleur des vins est celui que l’on boit et que l’on partage dans la joie avec ses amis. »

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