Dans l’Hérault, près de Béziers, la basse plaine de l’Orb, couvrant 2 800 hectares de cultures, est confrontée à une menace imminente. Le sel présent dans les sols cause une véritable catastrophe économique pour les agriculteurs locaux. Pour répondre à ce défi, ils ont pris l’initiative de monter un projet de construction de barrage sur le fleuve, afin de prévenir la remontée du sel depuis la mer et protéger ainsi leurs terres agricoles.
Benoit d’Abbadie, un agriculteur également vice-président de la Coordination Rurale de l’Hérault, subit une perte considérable cette année. Les céréales de son exploitation devraient normalement atteindre 1m50 à cette période, mais en raison des dégâts causés par le sel, toute la récolte est perdue. Cette situation le désespère profondément, car le travail acharné investi dans ces terres est anéanti par les remontées de sel qui rendent les sols stériles et affectent gravement les récoltes et la rentabilité.

Un barrage contre l’eau de mer

La source du problème provient de l’Orb, dont le débit a considérablement diminué, permettant à l’eau de mer de pénétrer jusqu’à 20 kilomètres à l’intérieur des terres. Face à cette menace grandissante, Paul Thomas, vice-président de la cave coopérative des Vignerons de Sérignan, et une quinzaine de viticulteurs et agriculteurs ont fondé l’Association intercommunale de protection et de préservation de la basse plaine de l’Orb. Leur objectif est de défendre la construction d’un barrage anti-sel sur le fleuve pour empêcher la remontée du sel et protéger les terres agricoles.
Pour concrétiser cette initiative, Robert Ménard, président de l’Agglo Béziers Méditerranée, a annoncé que la collectivité financerait une étude de faisabilité.
La basse plaine de l’Orb abrite 2 800 hectares de terres agricoles, dont 1 500 hectares de vignes, couvrant les communes de Sérignan, Valras, Sauvian, Béziers, Villeneuve-lès-Béziers, Cers et Portiragnes. Cette région accueille 300 exploitations agricoles, qui génèrent environ 1 500 emplois directs et indirects et représentent un chiffre d’affaires de 40 millions d’euros.
Un ouvrage attendu depuis plus d’un demi-siècle
L’association affirme qu’il n’y a pas d’autre alternative qu’un ouvrage d’art, une sorte de barrage automatisé à 4 mètres au-dessus du niveau de l’eau, créant une cascade de 40 cm sur l’Orb, au-dessus des Orpellières. Ils soulignent que jusqu’aux années 1920, les alluvions et le gravier formaient une protection naturelle contre la remontée du sel, mais l’exploitation des granulats et le dragage ont modifié le cours de la rivière. Initialement, un barrage anti-sel était prévu dans les années 1960, mais il n’a jamais été réalisé pour des raisons mystérieuses, ce qui a conduit à l’infiltration progressive de l’eau de mer sous terre, entraînant une détérioration des terres agricoles et des risques pour la nappe astienne ainsi qu’une fragilisation des berges.

Restaurer le cours naturel

L’association insiste sur le fait qu’elle ne cherche pas à artificialiser quoi que ce soit, mais plutôt à restaurer ce que la nature faisait autrefois naturellement, sans empiéter sur les ressources en eau d’autres régions. L’objectif est d’arrêter les dégâts en bloquant la remontée de l’eau salée sur 20 kilomètres.
Les fondateurs de l’association estiment le coût du barrage à environ 5 millions d’euros et s’engagent à porter leur dossier aux plus hautes instances dans les délais les plus brefs. Plusieurs études ont déjà été réalisées ces dernières années sur le sujet, mais ils veulent s’assurer que celle-ci aboutisse véritablement. La Chambre d’agriculture de l’Hérault et l’EPTB Orb et Libron soutiennent cette initiative, mais tous sont conscients que cela représentera un effort de longue haleine.

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