La Normandie est actuellement en régime d’interdiction pour les retournements de prairie, un nouveau régime, qui ne compte pas s’attaquer à notre masse graisseuse mais bien à notre profession.

Pour le moment, l’application de ce régime reste floue, les courriers de demande de remise en herbe ne seront reçus qu’à la rentrée. Des courriers pour annoncer qu'il va falloir remettre en prairie... Nous ne savons pas directement qui seront les grands gagnants mais certains diront que ça nous pendait au nez. Nous connaissons tous l’histoire des retournements de prairie, c’est ? une belle histoire comme l’administration aiment nous en raconter : « tu peux retourner, tu ne peux plus, tu peux retourner, tu ne peux plus » et aujourd’hui, on nous a bien retourné...

Nous ne sommes pas les seuls dans cette galère, car la région Pays de la Loire nous accompagne. Les régions Grand Est et Bretagne nous talonnent et les Hauts de France sont à 400 ha du régime d’autorisation… Ces régions pourraient très vite rebasculer. Pour faire simple : l’évolution du ratio prairie permanente sur SAU conditionne le retournement des prairies.

En deçà des 2 % d’évolution entre 2018 et 2023, le retournement des prairies est autorisé.

Un écart de ratio inférieur à 5 % soumet le retournement de prairies permanentes à un régime d’autorisation.

Et, au-delà des 5 %, c’est le régime d’interdiction !

En Normandie, la région a fait fort. Le régime d’interdiction a été décrété parce que notre ration est à - 6,45 % soit 50 056 ha de prairie en 5 ans d'après Legifrance. Que nous impose ce régime ? La réponse est toute trouvée : des obligations de réimplantation pour les exploitations ayant retourné des surfaces au cours des deux dernières campagnes. En effet, seront concernés les exploitants ayant converti des PP déclarées en 2021 et/ou 2022 pour y implanter d’autres couverts l’année qui suit. Individuellement, les exploitants ciblés par l’administration devront réimplanter une PP au plus tard le 31 décembre 2024. Comment en sommes-nous arrivés là ? Deux premières raisons assez logiques :

  • Les départs en retraites de nos anciens qui ont gardé des terres et donc sortis les prairies de la PAC
  • Les (nombreux) éleveurs de chevaux qui ne déclarent pas la PAC

Et Certains de mes collègues éleveurs ont tenté une reconversion, avec une PAC peu favorable à l’élevage. Ils ont décidé de retourner des prairies pour faire de la culture de vente. Peut-on leur en vouloir d’avoir l’ambition d’arrondir leurs fins de mois difficiles ? De passer de l’élevage à la culture ? D’abandonner l’élevage ? Si pour eux, l’herbe plus verte ailleurs ? Si tant est qu’elle puisse l’être... C’est souvent pour cette raison que les haies sont arrachées et les prairies retournées. Nous le déplorons, nos cheptels et nos terres d’élevage disparaissent. Cela est aussi dû à une politique de productivisme poussée par un pseudo syndicat a la solde de coop de France et des lobbies de l’agro chimie. Aujourd’hui, qu’ils contemplent le désastre dans lequel ils ont plongés notre métier....

La Coordination Rurale,le martèle depuis des années : tous les agriculteurs doivent avoir un revenu décent. Sans prix rémunérateurs pour les éleveurs, et je parle à très court terme, il n’y en aura plus. Conduire un troupeau à l’herbe, c’est un travail 7 jours/7 pour un revenu nullissime. Vous le savez tous, mais je le répète encore, nous disparaîtrons les uns après les autres. Si nous ne faisons rien, ces prairies imposées deviendront des friches. Ils seront heureux nos écolos, ils pourront admirer la belle nature quand elle aura repris ses droits, sans la main de l’Homme…

Dans la même catégorie

Normandie
CR 14
Bretagne
Normandie