La CR Centre était reçue le jeudi 19 avril par François Projetti, Directeur régional de l'agriculture.

Joël Carrignon, Président de la CR 45 et Philippe Ribault, Président de la CR Centre, ont pu aborder un certain nombre de questions, auxquelles le directeur a répondu sans langue de bois. Nous avons eu à faire à un fonctionnaire pragmatique et plein de bon sens.

Ingénieur général des ponts, des eaux et des forêts, Monsieur François Projetti a succédé à Mme Isabelle Chmitelin à partir du 1er septembre 2011. Depuis le 24 novembre 2008, il était DRAAF du Limousin. De mai 2004 à novembre 2008 il assurait la fonction de DDAF de l’Aveyron. De mars 2000 à avril 2004, il était DDAF du Gers, où il a bien connu la CR et Bernard Lannes.

Sécheresse : F. Projetti pense qu’il faut éviter de se précipiter. On ne peut pas savoir ce que le climat nous réserve. L’année dernière, l’administration a instruit les dossiers de calamités agricoles 2 ou 3 fois, ce qui fait beaucoup de travail administratif de consommé.

SRCAE (Schéma régional Climat Air Énergie) : nous pensons que ce schéma ne retient que les mauvais aspects de l’agriculture sans mettre les bons en avant. La DRAAF fera remonter les remarques de la profession sur la non prise en compte du service de puits de carbone rendu par l’agriculture à l’environnement et à la collectivité.

Environnement : Le DRAAF est très modéré et prudent. Il convient selon lui d’éviter les travers dogmatiques. Il sait qu’il y a dans les services de l’État des fonctionnaires écologistes connaissant mal l’agriculture. Lorsqu’on impose des contraintes environnementales, il est impératif d’en mesurer l’impact économique et « savoir que l’on peut se tirer une balle dans le pied ! ». Les élus politiques doivent en avoir conscience. Pour F. Projetti, c’est une question de choix politique : « faut-il détruire de l’emploi en faveur de l’environnement ? ».

Plan Régional de Développement Durable (PRAD) : « ce plan est là pour donner de la perspective à l’agriculture dans la région. En 10 ans, celle-ci a perdu 300 millions d’euros de chiffre d’affaires. De plus, le grignotage d’autant de terres agricoles est inacceptable. Il faut agir ! ». Le PRAD, imposé par la LMA de 2010, est selon F. Projetti une opportunité de réflexion globale en faveur de l’agriculture dans notre région. Joël Carrignon et Philippe Ribault répondent un peu sceptiques que « le problème majeur, c’est la rémunération de nos productions. Tout va mieux quand le métier paye ! ». Mais tant mieux si ce plan peut donner de bons fruits.

Nuisibles : un certain nombre de nuisibles restent sans solution, tel que le mulot. Il faudrait revenir au travail avec les GDS mais les produits qui étaient utilisés ont été jugés trop dangereux et ont été interdits suite au Grenelle de l’Environnement, pour éviter des utilisations parallèles (suicides). La DRAAF n’a aucun levier d’action sur ce problème.

Phytopharmacie, Plan Écophyto : Il y a des cultures où l’on a des lacunes de produits homologués. Les cas sont fréquents en maraîchage. La DRAAF souhaite identifier les impasses techniques sur certaines cultures. Joël Carrignon : « certaines coop poussent à utiliser plus de produits et toujours pleine dose. On voit mal comment le plan Ecophyto pourrait être efficace dans ces conditions ». F. Projetti en est conscient : « Il y a 900 Bulletins de Santé du Végétal (BSV)  publiés chaque année. C’est anormal que certains organismes s’assoient dessus ! ».

Contrôles : Philippe Ribault fait part de soucis rencontrés par des agriculteurs lors de contrôles phytos. F. Projetti précise qu’il est impossible pour le contrôleur de faire du cas par cas. Le contrôleur rapporte à sa hiérarchie ce qu’il voit. Il suit à la lettre les instructions qui lui sont données. Il ne lui est pas permis d’interpréter la règle et de faire preuve de plus de souplesse par moments. On en arriverait à un système de corruption. M. Projetti nous apprend que 20% des rendez-vous sont annulés. Sur 5 agents de contrôle, 1 travaille pour rien ! Pour améliorer cela, la DRAAF va mettre en place un système d’envoi de SMS. De plus, le délai est passé de 48 à 72 heures. S’ils nous avaient écoutés dès le début de la réalisation des contrôles, les gens de l’Administration ne seraient pas dans cette situation. La procédure de contrôle va être revue avec le Chef du SRAL (Anne Dufour). « On trouve beaucoup d’anomalies mineures. Et plus on en trouve, et plus on nous demande de faire des contrôles. Il faut éviter de se compliquer la vie avec des problèmes qui n’en sont pas ». A notre avis, bonne réflexion de M. Projetti.

Nitrates, Groupe Régional d’Expertise (GREN) : le but de ces groupes d’experts est de prouver à la Commission Européenne que la méthode des bilans est meilleure que celle des plafonds d’azote. Les agriculteurs seront représentés dans un comité de concertation mais le Ministère n’a pas encore donné d’instruction pour leur mise en place (programmée pour l’automne ?).

Irrigation : F. Projetti souhaite mener une réflexion pour une meilleure répartition des quotas d’eau. « C’est anormal que certains ne puissent arroser alors que leurs voisins ont du quota non utilisé ». Il est favorable à l’augmentation de la production et c’est pour lui logique de mieux utiliser un facteur de production tel que l’eau.

Monsieur Projetti nous est apparu plein de bon sens, lucide et équilibré dans ses positions. Il nous chatouille en fin d’entretien en nous faisant remarquer que nous n’avons parlé que d’environnement. Mais en effet, le sujet est omniprésent et les agriculteurs sont excédés par tant de contraintes et de complexité. Philippe Ribault fait remarquer que « la profession peut aller vers une agriculture plus écologique mais le coût de production va augmenter. Les prix payés aux productions suivront-ils cette tendance ? Rien n’est moins sûr ! ».

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