La Chambre d’Agriculture s’est réunie en session le lundi 16 septembre à Chartres. Les trois élus de la CR28, Danie Jardin, Vincent Chenu et Philippe Ribault, étaient présents.

Ph. Ribault, président de la CR28, partage son analyse dans cette interview…

Que retenez-vous principalement de cette session de la chambre ?

Philippe Ribault : Malheureusement, un déficit financier abyssal caractérise le 2e budget modificatif 2013 : plusieurs centaines de milliers d’euros ! C’est l’information marquante de cette session chambre, pour ne pas dire traumatisante !

Que ressentez-vous face aux difficultés financières rencontrées par la chambre ?

Philippe Ribault : Je suis déçu... mécontent... atterré par cette mauvaise situation. Mauvaises décisions de l’ancienne équipe (Président et membres du Bureau), irréalisme ou inconscience de la nouvelle.

Comment ce déficit s’explique-t-il ?

Philippe Ribault : Les références et conseils en productions végétales génèrent un déficit important et utilisent près de 14 ETP (équivalents temps plein) à l’année. Le service environnement et biodiversité génère lui aussi un déficit important. Pour quel résultat et quelle considération de notre métier par la société civile ? Et cela avec 12,45 ETP par an.

L’équipe dirigeante ne réagit-elle pas ?

Philippe Ribault : Malgré l’organisation d’un séminaire de réflexion de 2 jours en juin avec les membres du Bureau, les solutions proposées sont du « déjà vu » et du « déjà entendu » sous la précédente mandature. Sont seulement prévues des économies sur les frais téléphoniques, sur les frais de photocopies et les frais de déplacement ! Prévue également la multiplication de services payants ! On ne peut que douter de l’efficacité d’un tel programme. On dirait que l'équipage regarde le bateau prendre l'eau. Et la brèche est importante !

En Eure-et-Loir, les salariés vont être informés de la situation en octobre.

Que feriez-vous si vous étiez à la tête de la chambre ?

Philippe Ribault : Nous avons 2 bons exemples de chambres de chambres d’agriculture gérées depuis longtemps par la CR de main de maître : celle du Calvados depuis 1995 et celle du Lot-et-Garonne depuis 2001. Les équipes dirigeantes CR ont fait leurs preuves en assainissant les finances, en mettant fin aux conflits d’intérêts et en réorganisant les services.

Elles ont aussi remotivé les collaborateurs (salariés) et redonné des perspectives aux agriculteurs dans leurs départements. Ces 2 chambres ont ainsi retrouvé leur prestige. Ce n’est pas qu’une question d’argent. C’est surtout une question d’état d’esprit.

Pouvez-vous nous donner un exemple plus précis ?

Philippe Ribault : Dans le Calvados, les salariés sont aller rencontrer les agriculteurs sur le terrain, dans les fermes, pour faire le point sur leurs besoins, leur expliquer ce qu’est la Chambre, à quoi elle sert et quels sont les services proposés. Cette stratégie a payé puisque la moitié des agriculteurs du Calvados font appel aux services de la Chambre et sont adhérents aux groupes de développement (GDA).

La CR28 a déposé 4 motions pour cette session. Comment ont-elles été accueillies ?

Philippe Ribault : Notre motion sur la proposition de loi instaurant la notion de dommage causé à l’environnement a été bien accueillie et reprise par le Bureau de la chambre.

Nous en avions déposé 3 autres sur les coopératives (retrouver l'esprit d'origine), l’étiquetage des produits (traçabilité) et le financement des installations de stockage et de nettoyage des grains chez les agriculteurs (via les subventions de France AgriMer). Ces 3 motions-là n’ont visiblement pas été du goût de l’équipe dirigeante !

Et les questions des membres ?

Philippe Ribault : Vincent Chenu a profité des questions des membres pour tirer la sonnette d’alarme sur les chardons qui pullulent littéralement dans notre département. Cette invasion sera encore pire en 2014, les graines de chardons ayant pris le vent et s’étant déposées un peu plus loin. Le Directeur Départemental des Territoires a semblé embarrassé par cette question. Bien plus embarrassé que lorsqu’il nous affirme qu’il faut que l’on nous contrôle car nous touchons de l’argent public !

Cette inaction et cette pression administratives sont vraiment décourageantes : alors que nous cherchons à baisser nos IFT (indice de fréquence de traitement) et que certains suivent même des formations pour atteindre cet objectif, d’autres laissent les plantes invasives se multiplier à l’infini.

Dans de telles conditions, nous ne pouvons pas exercer sereinement notre métier.

Propos recueillis par Jean Jacquez

Dans la même catégorie

CR 28
Centre-Val de Loire
CR 18
CR 18