François Lucas, Vice-président de la Coordination Rurale, était l'invité de notre meeting de campagne à Fontenay-sur-Eure. Il est intervenu notamment sur le 10e plan, document qui mérite l'attention des agriculteurs, surtout en cette période électorale.

Le 10e plan (volet agricole 1989-1992) est un rapport publié par le groupe présidé par M. Louis Perrin, Président d'Honneur de l'Assemblée Permanente des Chambres d'Agriculture (APCA), en mars 1989.

Il s'agit d'un document de prospective : "L'Agriculture face à son avenir". Ses auteurs sont un agglomérat de hauts fonctionnaires de l’agriculture et de très hauts dignitaires du syndicalisme agricole et de ses épiceries : Coopération, Mutualié, Crédit agricole, ANIA… Ce livre, édité par la Documentation Française, était disponible en librairie mais les agriculteurs n'en avaient pas connaissance. La CR l'a mis au jour lors de l'occupation des locaux de l'APCA pendant les évènements de 1992, lors de la réforme de la Politique Agricole Commune. Ce 10e plan, qui a préparé la mauvaise réforme de la PAC de 1992, reste encore aujourd'hui d'une actualité particulièrement troublante. On dirait que toutes les évolutions négatives de l'agriculture y étaient anticipées. En voici quelques extraits :

L'agrandissement

"Dans une période marquée par des départs nombreux et une libération de terres importantes, l’agrandissement des exploitations nécessaire à la compétitivité est une priorité" (page 29) L'intégration aux filières agro-industrielles "L’avenir de l’agriculture est donc en grande partie lié : Au développement des IAA (industries agro-alimentaires) mais aussi à sa capacité propre à fournir aux IAA des matières premières correspondant aux exigences technologiques : délai, quantité,qualité mais aussi de prix. Si l’agriculture française n’est pas en mesure de répondre à ces exigences, les IAA s’approvisionneront ailleurs." (page 41) Le libéralisme et la mondialisation... "L’Uruguay Round (du GATT) est à la fois  une chance à saisir et un défi à relever si l’on veut mettre fin aux déséquilibres des marchés, abandonner une guerre commerciale stérile et asseoir l’avenir de l’agriculture sur des bases solides." (page 48) ...profitant surtout au secteur agro-alimentaire "Un repli sur le grand marché intérieur n’est ni possible ni souhaitable. Un tel scénario : - A terme anéantirait le développement des IAA (industries agro-alimentaires) ; - aurait un coût important pour l’économie française ; Comme pour les autres grands pays exportateurs, la seule vision d’avenir pour l’agriculture européenne et française est une agriculture exportatrice." (page 62) La régulation par les volumes (et par les prix), jugé scénario du déclin ! "Sur l’éventualité d’une politique  de  maîtrise des volumes, classée comme « scénario du déclin » : celle –ci anéantirait les possibilités d’utiliser la matière première agricole à des fins non alimentaires. Or il s’agit là d’un élément déterminant du développement futur de l’agriculture. La mise en œuvre de ce type de politique sonnerait le déclin de l’agriculture française." (page 68) La compétitivité "La direction à poursuivre ne peut être qu’une politique d’ajustement régulier et raisonnable par les prix pour atteindre les prix des pays ayant les coûts de production les plus compétitifs." (page 68) Lait : la fin des quotas Pour le lait : "l'objectif à plus long terme doit être de viser une sortie possible du système de maîtrise quantitative de l'offre" (page 72) Etre compétitif et à l'écoute du marché "Les entreprises rurales quelles qu'elles soient, et l’exploitation agricole est une entreprise rurale parmi les autres, devront pour exister être compétitives, rentables, moderne, en permanence à l'écoute du marché." (page 73) Plan social réservé aux agriculteurs " Accompagner sur le plan social la restructuration du secteur. L'évolution économique devrait conduire à des cessations anticipées et forcées d'activités qu'il convient d'accompagner." (page 84) Le marché, voie du salut "La conviction du groupe de prospective agricole est que l'orientation par le marché est la seule voie d'avenir pour l'agriculture" (page 87) Encore plus troublant lorsque la FNSEA nous parle d'un avenir placé sous le signe de la compétitivité. Les agriculteurs ne doivent pas s'y tromper. La FNSEA cogère notre disparition, en faveur d'intérêts économiques et politiques. Cela doit cesser! Le changement syndical est vital !

.

Le 10e plan - l'agriculture face à son avenir - 1989

Dans la même catégorie

CR 28
Centre-Val de Loire
CR 18
CR 18