La Coordination Rurale du Cher organisait le mardi 25 janvier, à 14h00, au lycée agricole de Bourges Le Subdray, une conférence sur l’agriculture de conservation et l’agriculture biologique. Une trentaine d’agriculteurs et près de 150 lycéens sont venus écouter nos 3 intervenants et participer au débat. L’objectif était de donner un éclairage technique (et non dogmatique) sur ces formes d’agriculture, dont certains agriculteurs s’inspirent peu à peu.
Matthieu Archambeaud, agronome et rédacteur pour la revue TCS, a d’abord présenté les principes de l’agriculture de conservation :
- le non labour afin de restructurer le sol de manière verticale, d’augmenter le taux de matière organique, de favoriser le travail des vers de terre et l’infiltration de l’eau,
- l’allongement des rotations avec des légumineuses fixatrices d’azote,
- l’implantation de couverts végétaux en interculture pour lutter contre les adventices. Il est possible ensuite de semé en direct dans ces couverts.
En non labour, la principale contrainte est de ne pas toucher au sol, avec un risque de salissement des parcelles. Cependant, il est possible de se rattraper avec un désherbage chimique, ce qui n’est pas le cas en bio. Les avantages sont la diminution du coût de mécanisation jusqu’à 40%, pour des rendements qui baissent légèrement ou dans certains cas augmentent.
Vincent Moulin, technicien du FDGEDA du Cher, aborde ensuite les principes de l’agriculture biologique qui repose essentiellement sur des techniques préventives, complétées en cas de problèmes par des techniques curatives admises par le cahier des charges. Il est impossible en bio d’alterner plusieurs cultures exigeantes en azote et il est nécessaire d’alterner cultures salissantes (ex : blé) et cultures nettoyantes (ex : luzerne), ainsi que cultures d’hiver et cultures de printemps. Le choix des variétés est déterminent. Le non recours à la chimie complique le désherbage qui repose en bio sur le labour et le désherbage mécanique : herse étrille, houe rotative, bineuse. Cet aspect constitue la principale différence avec l’agriculture de conservation.
Certains sont allés plus loin, comme Emmanuel Bourgy, Président du GDAB de l’Indre. Il cultive ses terres à la fois en bio et en non labour, ce qui l’oblige à être vraiment pointu techniquement.
Le gain organique pour le sol est majeur : le travail des vers de terre équivaut à un chargement de 20 UGB/ha.
Comme lui, de plus en plus d’agriculteurs en non labour se convertissent au bio. E. Bourgy évoque le regard des voisins, qui conforte, qui juge ou qui condamne, lorsque l’on change ses pratiques.
Les auditeurs ont posé beaucoup de questions sur des détails techniques, liés à la fumure, aux variétés, au désherbage.