Axel Masson, éleveur bovin viande à Langon (41), a ouvert sa ferme à l’occasion des journées Made In Viande organisées en partenariat avec Interbev. Il a reçu plus de 250 personnes qui ont ainsi pu découvrir son atelier de découpe visant à la commercialisation en vente de directe d’une partie de sa production présentés par des producteurs au sein d’un mini-marché fermier (Viande de bœuf et de veau nés, engraissés et transformés sur la ferme ; charcuterie, viande de porc et d'agneau : transformées sur la ferme ; fromages, champagne et foie gras venant de producteurs partenaires).

Si vous souhaitez des conseils pour réaliser de la transformation à la ferme ou de la vente directe, vous pouvez écrire à Axel Masson : guillemeaux@wanadoo.fr

Comment en êtes-vous venu à la vente directe ?

J’ai commencé à la suite du premier épisode d’ESB et au fil des années, j’ai développé ma clientèle. Dans mon secteur, nous avons la chance de disposer encore d’abattoirs de proximité mais j’ai eu des difficultés à trouver des prestataires pour réaliser les découpes. Il y a trois ans, j’ai donc franchi le cap en créant un atelier de découpe avec mon épouse et un boucher salarié. Pour répondre à la demande de ma quarantaine d’habitués, je travaille en partenariat avec d’autres éleveurs pour proposer également de l’agneau et du porc. Nous avons ainsi repris la main sur la commercialisation d’une partie de mes animaux, soit environ une bête par semaine, le reste de l’activité de l’atelier étant assurée par de la prestation de service pour d’autres éleveurs. En plus de la vente à la ferme (deux jours par semaine), je travaille également avec trois cantines scolaires et des restaurants voisins.

Quel est pour vous l’intérêt des journées Made In Viande ?

Je côtoie régulièrement mes clients, mais je voulais consacrer une journée à la présentation de ma structure - la ferme et l’atelier – et surtout mettre en avant notre métier, nos modes de production… Il est primordial d’avoir un discours positif sur la viande, et les journées Made In Viande sont l’occasion pour amplifier notre message. Il ne faut pas avoir peur d’être transparents car contrairement aux propos des associations vegans, nous faisons bien notre métier. J’ai la possibilité de travailler avec un abattoir local, d’y conduire mes bêtes et donc d’en connaître le fonctionnement. Je serai le premier à dénoncer de mauvaises pratiques car nos bêtes doivent être respectées. Je ne supporte pas l’amalgame ; je respecte les personnes qui choisissent de ne pas consommer de viande ou de produits d’origine animale mais je demande simplement que mon travail soit respecté.

Quelles ont été les attentes du public qui est venu visiter votre ferme ? Quelles ont été les questions les plus fréquentes ?

Elles ont été très diverses, même si beaucoup de questions étaient en lien avec la santé. Les visiteurs étaient en attente de réponses et ont été très réceptifs. Tous les débats que nous avons pu avoir sur le lien entre santé et consommation de viande rouge nous ont confortés dans le choix de proposer des produits sans conservateur, sans sel nitrité… Les clients sont demandeurs d’information et pour peu qu’on se donne la peine de leur expliquer nos choix de production, nos méthodes de travail et les impacts dans leurs assiettes, ils sont très largement en mesure de comprendre. Mon exploitation est essentiellement herbagère, et je pense que le lien entre la qualité de l’alimentation des animaux et les qualités de la viande ont été bien appréhendées. 60 à 70 % des visiteurs ne faisaient pas partie de me clients. Rencontrer des consommateurs a été pour moi très enrichissant, et je l’espère pour eux aussi. Si je renouvelle l’expérience Made In Viande, j’aimerais approfondir cet axe, en proposant par exemple une interprétation d’analyse de sol.

Qu’est ce qui pourrait être amélioré dans la communication entre éleveurs et consommateurs ?

Il faut plus d’ouverture, plus de transparence, et en cela, la vente directe est un excellent outil. Mais, davantage de transparence ne signifie pas davantage de cahier des charges ou davantage de contrôles ! Nos pratiques sont toujours perfectibles mais globalement, nous faisons bien notre métier. Il faut juste le dire et le faire savoir. Cela passe aussi par la reprise en main de la commercialisation de nos produits. L’image de l’éleveur doit nous apporter de la plus-value, et pas uniquement aux intermédiaires.

Il faut aussi montrer que nous sommes ancrés dans la modernité, que nous sommes des entrepreneurs responsables. Parmi, les visiteurs, provenant pourtant quasiment tous d’un territoire rural, ils étaient nombreux à être surpris de ne pas trouver un tas de fumier au milieu de ma cour…

Quels sont pour vous les principaux défis auxquels va être confronté l’élevage bovin ?

Je pense que nous devons réfléchir à nos modes de production et aux produits proposés aux consommateurs. La production d’animaux jeunes, engraissés à l’ensilage de maïs, correspond-elle à la demande des consommateurs ? Je ne pense pas. Avec l’atelier de découpe, nous sommes amenés à travailler des animaux engraissés aux maïs, et la qualité n’y est pas toujours : problème de pH, de déchets de découpe… En plus, le maïs coûte au final cher à produire et demeure très gourmand en eau. J’estime que dans un système herbager, il est plus facile de maîtriser nos coûts alimentaires. Quand j’ai commencé la vente directe, beaucoup de mes collègues me regardaient d’un œil méfiant. Tout comme les bouchers d’ailleurs.... Aujourd’hui, beaucoup de mes voisins travaillent en vente directe ou en partenariat avec des bouchers. D’ailleurs, mes clients ne s’approvisionnaient pas auprès de boucheries. Je ne leur fais pas de concurrence : je propose autre chose. La vente directe ne doit pas être considérée comme un marché de niche. Elle a beaucoup d’avenir, surtout en lien avec la restauration collective qui demande de plus en plus de produits locaux.

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