L'Organisation des Producteurs de Lait a adressé une lettre ouverte à Dominique Chargé, le président de la FNCL :

"Monsieur le Président,


Au cours de l’année 2013, nos correspondances concernant la production laitière sont restées sans réponses compréhensibles.

Cependant, au vu de vos récentes interviews*, l’OPL comprend mieux votre incapacité à répondre précisément aux questions posées tant au sujet de la pertinence économique de la gestion d'une exploitation laitière que sur la valeur de la marge spoliée aux producteurs et captées par les transformateurs.

En effet, aujourd’hui, le discours que vous scandez est : « Le lait n'a pas de prix mais une valeur ! ». Nous ne vivons décidément pas dans le même monde ! Aujourd'hui comme vous le dites si bien, les coopératives sont des entreprises comme les autres. Nous ajoutons à cela que les exploitations agricoles en sont aussi et il faut en tenir compte !

Comme nous l’avons toujours affirmé, la filière laitière ne pourra exister que si tous les acteurs, de la production à la commercialisation, peuvent vivre de leur travail, ce qui implique le partage de la valeur ajoutée pour pérenniser cette filière.
Nos exploitations sont des entreprises qui fonctionnent, investissent et se développent sur une réalité économique, avec des charges  et des recettes qui sont directement liées aux prix de nos productions.
Les producteurs, qui ont fait l’effort de se restructurer toutes ces dernières années, ont besoin pour gérer leur entreprise d’une vision à moyen et long termes, leur outil de travail ayant une inertie qui implique des orientations stables, des indicateurs de production et des prix objectifs et précis de leurs produits.

Les producteurs que nous sommes et que nous représentons sont incapables de raisonner comme vous puisque vous considérez le lait comme une valeur pédagogique, une conception spirituelle !

Les coopératives devraient revoir leur gestion et redéfinir leur orientation au tout export qui est loin d’être rémunérateur et qui les oblige à considérer le producteur comme une variable d’ajustement faute de rémunération de ces fabrications. Les vraies « attentes » des coopérateurs sont des prix, des accords équilibrés et équitables. Ils n'attendent pas une valeur hypothétique définie par des investisseurs étrangers et par une disparition accélérée d'autres producteurs laitiers.
Le prix du lait ne doit pas être seulement un budget aux côtés des autres postes de répartition, mais tenir compte des besoins des milliers d’entreprises qui alimentent par leur travail une industrie agroalimentaire méprisante, nous considérant uniquement comme matière première et gérant des dividendes à court terme.
Les grands immeubles parisiens que vous côtoyez au quotidien (probablement beaucoup plus que votre ferme) vous ont-ils fait oublier la réalité quotidienne des agriculteurs? Il est grand temps de revenir sur terre. Il y a urgence ! "


*exemple d’interview :
http://www.web-agri.fr/actualite-agricole/politique-syndicalisme/article/selon-la-fncl-le-lait-n-a-plus-de-prix-mais-une-valeur-1145-97791.html

  

Véronique Le Floc'h - Présidente de l'OPL                             Daniel Condat - Secrétaire Général

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