Messieurs les Présidents, Mesdames et Messieurs les administrateurs,

 

Bon anniversaire Yoplait ! Pour fêter ces 50 ans, vous avez vu les choses « en très grand » en investissant les quais de Seine. Le coût : 500 000 fleurs de 100 espèces différentes, sur un emplacement si somptueux que le Président de Yoplait International reconnaît même qu'il « n'a pas de prix ». Sans compter les vaches mécaniques qui font partie du décor. Les Parisiens et autres chanceux de province vont être éblouis ... ou déçus !

Faire tant de dépenses en cette période de crise laitière peut sembler indécent. Lors de l’entrée de General Mills au capital de Yoplait aux côtés de Sodiaal en 2011, son Président, Lucien FA expliquait que les perspectives de marché étaient bonnes et que ce seraient « en fin de compte les producteurs de lait français qui vont bénéficier de cette source de revenus supplémentaires ».

 

Cette bonne intention de la société Yoplait vis-à-vis des producteurs était fort louable ! Pourtant, il n'était alors question pour General Mills que de sécuriser sa position aux Etats-Unis, Sodiaal n'obtenant des garanties que sur le débouché du lait et le maintien des usines. Vu les bénéfices dégagés, ce dont nous nous réjouissons, était-il impossible d’envisager mieux pour les éleveurs ?

 

Le mécénat par le biais duquel Yoplait se targue d’être « une entreprise citoyenne » aurait-il aux yeux de ses dirigeants davantage de sens que l’agriculture et la production laitière ? Le bon sens élémentaire suffit pourtant à comprendre : sans producteur, plus de lait et donc plus de Yoplait !

 

Il s'agit aujourd'hui de regarder la réalité bien en face. Au-dessus d’une coopérative, il y a souvent une société privée (ex Sodiaal international) dont le capital est détenu en totalité, ou partiellement, par une autre entité privée dépendant de cette coopérative (ex Sodiaal SA). La société mère perçoit des dividendes des entités affiliées, comme en 2013 lorsque Sodiaal International a perçu 14 millions d’euros de la SPV Sodiaal produits frais, 8,7 millions d’euros de la SPV Sodiaal Marques …

 

Tout cela mérite bien des éclaircissements. L’OPL, syndicat laitier de la Coordination Rurale, ne cesse de le demander. Chacun d’entre nous pourra alors tirer ses propres conclusions sur la juste répartition des marges, sur les priorités stratégiques en matière de dépenses ... et sur les responsabilités des uns et des autres !

 

Si nous nous référons à la Charte de la FNCL (Transparence, Clarté, Responsabilité ...), les associés-coopérateurs devraient facilement trouver les réponses à tous leurs questionnements.

 

En tant qu'administrateurs, vous avez des responsabilités dans les orientations prises par la coopérative, y compris dans la redistribution des bénéfices envers les associés-coopérateurs. Vous avez le devoir de laisser la parole aux producteurs, de les écouter et de les défendre. Si vous n'assumez pas sereinement cette mission, il faut alors envisager de laisser votre place à d'autres.

 

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