Le 23 avril dernier, vous avez tenu votre Assemblée Générale. A cette occasion, la volatilité a été au cœur de nombreux débats. Nous vous félicitons pour le choix de ce sujet mais en toute honnêteté, nous nous devons de rajouter : « Enfin ! ».



Il est très surprenant que vous vous inquiétiez maintenant de la volatilité à laquelle les entreprises laitières sont confrontées, alors même que vous prôniez la suppression des quotas sans proposer d'alternative de régulation. La régulation n'est pas un frein à la production mais bel et bien un outil de stabilité des marchés et par conséquent des prix.



Vos experts invités lors de l’AG l'ont d'ailleurs bien expliqué : la volatilité est imprévisible et n'est pas gérable individuellement. Le démantèlement de la PAC n'y arrange rien, le soutien public aux agriculteurs coûte cher et est devenu inefficace. Nous sommes d'accord sur ces points.



Cette gestion collective indispensable au sein de l'Europe, nous la proposons avec nos confrères européens regroupés au sein de l'EMB, par le programme de responsabilisation des marchés (PRM). Ce programme PRM permet d'anticiper les crises et de limiter ainsi cette volatilité qui coûte très cher à tout le monde.



Oui, les producteurs sont prêts à agir comme acteurs de cette régulation dès lors que les entreprises laitières participent et le veulent également !



Bien évidemment, les entreprises privées ne sont pas exonérées de cet effort, mais les coopératives appartenant aux agriculteurs doivent montrer l'exemple.



La FNCL représente 56 000 associés-coopérateurs produisant 55% du lait français, soit 13,04 milliards de litres de lait (55% de 23,7 milliards). Pour 2013, vous annoncez un chiffre d'affaires de la coopération laitière de l’ordre de 14,5 milliards, soit 1112 euros par tonne de lait produit et collecté. Prix moyen payé aux producteurs en 2013 : 354 euros / 1000 litres * 1112 euros - 354 euros = 758 euros par tonne, c’est-à-dire la marge brute aux 1000 litres restant à la coopération !



Monsieur Chargé, il nous semble ici démontré que toutes les entreprises laitières, et bien évidemment les coopératives, peuvent largement contribuer à développer une véritable politique de régulation en proposant aux producteurs des prix en corrélation avec les charges des exploitations et les investissements nécessaires.



Les chiffres parlent d'eux-mêmes et ne sont pas contestables : la répartition des bénéfices et des marges peut être largement améliorée. Les données statistiques montrent également que le volume de production est lié au prix payé aux éleveurs ! Le premier niveau de régulation est donc le prix. Le 2ème repose quant à lui sur l'anticipation des crises au sein de marchés eux aussi volatils. Le programme PRM que nous proposons est en totale adéquation avec cette réalité. Il a d’ailleurs déjà reçu le soutien du comité des régions.



Aujourd'hui, le rapport de force entre les producteurs et les laiteries est déséquilibré mais il est surtout devenu malsain. Il est urgent de retrouver une sérénité et une confiance entre les différents partenaires de la filière. La coopérative, par son histoire et son modèle économique, doit permettre de retrouver cet équilibre et cette confiance perdus. Les producteurs sont prêts à prendre leurs responsabilités, nous souhaiterions que les laiteries en fassent de même et que la coopération en soit le moteur.



Nous sommes bien évidemment disposés à vous rencontrer pour échanger sur les orientations nécessaires et pour vous présenter en détail notre programme PRM.



Dans cette attente, nous vous prions d'agréer, Monsieur Chargé, nos salutations distinguées.



*source Touteleurope.eu

Véronique Le Floc'h
Présidente de l'OPL

Bernard Lannes
Président national



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