Deuxième étape du Tour de France : Düsseldorf - Liège. La CR a donc décidé de mettre à l'honneur un jeune agriculteur belge, Jean-Pierre Dourcy, 33 ans, éleveur laitier installé en société avec sa mère depuis 2007 à Pepinster, en Wallonie.

Comment décririez votre ferme laitière ?

Je dirais que même si nous avons un petit atelier complémentaire d’une quinzaine de vaches allaitantes, notre ferme spécialisée dans la production de lait est dans la moyenne de celles que l’on peut trouver en Belgique wallone. Côte flamand, les structures sont un peu plus grandes. Notre troupeau se compose d’environ 80 vaches qui produisent en moyenne 7 500 litres par lactation. Nous cherchons à améliorer la génétique du troupeau tout en maîtrisant les coûts. Pour cela, nous avons recours à l’insémination artificielle, et au taureau uniquement en cas d’échec de la première tentative. Nous livrons à la coopérative Arla en lait conventionnel. Le prix d’achat y est un peu plus élevé que la moyenne du pays, avec 340 €/1000 litres environ depuis début 2017, mais il est tout de même insuffisant. Pour ce qui est des terres, nous travaillons 70 hectares de prairies permanentes, et 6,5 hectares de maïs. Nous faisons appel à une entreprise pour les ensilages, et nous travaillons le reste nous mêmes.

Comment en êtes-vous venu à vous installer en tant qu’agriculteur ?

J’ai suivi un cursus agricole pendant tout l’enseignement secondaire et je suis parvenu au niveau « graduat », l’équivalent du baccalauréat en Belgique. J’ai ensuite travaillé pendant trois ans dans le secteur du bâtiment jusqu’à ce que l’opportunité de reprendre une ferme à côté de l’exploitation familiale se présente. C’était en 2006. Je me suis installé dès le 1er janvier 2007 en société avec ma mère. Grâce à mon cursus scolaire, j’ai pu accéder aux aides à l’installation de l’époque (elles ont changé deux fois depuis), qui subventionnaient 30 à 35 % des investissements réalisés pour l’achat des matériels, bâtiments et cheptel. Les quotas, déjà marchands, ne pouvaient bénéficier de cette aide. J’ai reçu un peu moins de 30 000 €, en contrepartie de quoi je m’engageais à transmettre ma comptabilité, à rester installé neuf ans, et à réaliser les travaux de mise aux normes relatifs au stockage des lisiers. Pour moi, les principales difficultés ont été la réalisation des démarches administratives, mais surtout l’augmentation importante du cheptel : nous sommes passés de 15 à 60 laitières en peu de temps. Les trois premières années ont été compliquées !

Quel regard portez-vous sur le dispositif d’aides actuel ?

Je vous le disais : il a changé deux fois depuis que j’en ai bénéficié. A mon avis, aujourd’hui, les montants accordés sont trop faibles au regard des investissements nécessaires et des exigences toujours plus nombreuses (environnementales, qualification des jeunes, etc). A mon époque par exemple, le stage n’était pas obligatoire. Aujourd’hui, 3 mois sont obligatoires. Je comprends mal que ces aides à l’installation ne soient pas les mêmes partout en Europe. Cela créé des inégalités entre les jeunes agriculteurs européens.

Et votre engagement syndical ?

J’ai longtemps été adhérent du FWA, mais au bout d’un certain temps, j’ai commencé à être en désaccord avec les prises de position de certains des hauts cadres. Selon moi, ils se préoccupent davantage des producteurs en cultures. Je me suis alors intéressé au MIG que j’ai rapidement rejoint car il s’intéressait aux questions laitières avec des prises de position qui correspondent à mes opinions. Le système de représentation syndicale est un peu complexe en Belgique et selon moi, les syndicats ne sont pas encore assez forts. Il faut faire bouger les responsables de la Commission européenne et ceux du Parlement européen pour retrouver une PAC qui protège les agriculteurs face à la pression de la grande distribution et des laiteries. Il y a urgence à améliorer le marché du lait : rémunération des producteurs et régulation de la production doivent être les principaux objectifs !

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