Pour la 8e étape du Tour de France, les coureurs ne sortiront pas du Jura puisqu'ils partiront de Dôle pour arriver 187,5 kilomètres plus loin, à la Station des Rousses. Dans ce magnifique département, Jérôme, 35 ans, est l’un des 4 associés du Gaec familial à Crancot. Avec ses parents et son jeune frère de 29 ans, ils élèvent des montbéliardes pour produire du lait à Comté.

Combien de vaches compte votre ferme ?

Nous avons 115 vaches montbéliardes pour une ferme de 270 hectares (en pâture à l’exception de 45 hectares de céréales auto-consommées). Nous livrons la totalité de notre référence de 760 000 litres à la laiterie Monts et Terroir, du groupe Sodiaal. C’est une des « petites » laiteries du groupe, qui collecte et transforme 57 millions de litres de lait, puis ensuite commercialise le Comté et le Morbier.

Bien qu’appartenant au groupe, nous avons un statut un peu à part. Aujourd’hui, nous n’avons pas le statut de coopérateurs et les contrats laitiers sont reconduits d’une année à l’autre.

Nous avons vendu notre lait 552 €/1 000 litres en moyenne sur l’année 2016. C’est plus élevé qu’en lait standard, mais nous avons des charges plus importantes. Certaines exploitations, qui peinent à les maîtriser, sont d’ailleurs en difficulté.

Votre installation, un schéma classique dans le département ?

Plutôt… Il y a pas mal de reprises d’exploitations familiales dans le département, même si chez nous, nous avons rejoint le Gaec suite au départ d’un couple avec qui ils étaient associés.

Nous nous sommes donc installés en même temps, mon frère et moi, en mai 2008.

J’ai demandé les aides à l’installation car mon parcours me le permettait : j’ai eu mon bac Pro CGEA en 2003. En 2004, j’ai un peu travaillé au service de remplacement, j’ai été intérimaire chez Monts et Terroirs, puis salarié dans une exploitation. J’ai ensuite rejoint l’exploitation en tant qu’aide familial et réalisé mon parcours pendant cette période (le stage Préinstallation, SPI, puis le stage 6 mois qui avait été réduit à 5 dans mon cas).

Mon frère n’avait pas fait d’études agricoles. Il n’a donc pas demandé les aides. Son installation a donc été bien plus simple à réaliser au niveau administratif. Mais c’est surtout l’après qui a été complexifié, avec la gestion des avenants au plan d’entreprise.

Les normes et l’administratif sont-ils une lourde charge pour vous ?

Oui, il faut plus de liberté pour les agriculteurs, et c’est ce qui finalement a motivé l’engagement de notre famille au sein de la Coordination Rurale. Mon père a rejoint très tôt la CR à l’époque du combat pour l’insémination libre que le syndicat menait dans le département. C’est un droit qui a été gagné. Au quotidien, nous sommes impactés par les décisions administratives, et avec la CR, nous nous défendons. La PAC par exemple a été annoncée comme devant être simplifiée ; qu’en est-il vraiment aujourd’hui ?

Les normes environnementales aussi, sont de plus en plus nombreuses alors qu’elles pénalisent fortement les exploitations. A force d’ajouter des exigences françaises aux exigences européennes, l’agriculture ne peut plus s’en sortir.

Cet automne, j’ai participé à une rencontre avec la DDT 39 avec le président de la CR39 dans le cadre de la révision des zones vulnérables. Le projet de l’administration était d’inclure un bassin versant dans la nouvelle zone, alors que la production exclusive sur ce secteur, le Comté, permet de respecter sans aucun problème les conditions de limitation des pollutions des eaux. C’était aberrant, et nous avons obtenu gain de cause, mais que d’énergie !

Notre combat contre les vegans est important aussi à mes yeux : pour moi, il s’agit d’une minorité qui détruit l’image de l’agriculture pour imposer ses idées.

Pour ce qui concerne l’installation, le dispositif de la DJA est pour moi de plus en plus risqué pour les jeunes. Nous avons vu lors de la dernière commission des structures un afflux de dossiers lié à l’introduction de la 4e modulation, qui vient remplacer les prêts bonifiés.

Il est vrai que cela produit un effet sur le montant de la DJA, mais cela accroît encore le risque de remboursement de tout ou partie de l’aide. Comme pour chacune des modulations, la réalisation sera vérifiée par l’administration… Dans notre métier, il faut engager beaucoup de capital, et les contraintes et risques de sanction sont très nombreux.

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