Monsieur Decerle,

Dans votre tribune du 20 octobre, consacrée à la réforme des prêts bonifiés, vous vous étonnez que la Coordination Rurale ne soit pas derrière JA pour soutenir cette évolution. D’après votre interprétation des faits, la Coordination Rurale se voile la face, elle est guidée par des intérêts particuliers et surtout, elle s’oppose à cette proposition sans réfléchir à l’intérêt pour les futurs installés uniquement parce qu’elle vient d’un autre syndicat. Très hypocritement, vous appelez les syndicats à « se battre ensemble », « main dans la main » et étonnamment, vous faites l’impasse, intentionnellement ou non, sur de nombreux éléments autrement plus objectifs.

Vous comprenez bien que toutes ces fausses accusations, ces raccourcis créés par vos soins afin de servir votre image, ne peuvent rester sans réponse. En voici donc quelques unes :

•  Ne nous faites pas la leçon. Nous sommes bien conscients, et ce depuis de nombreuses années, de la baisse d’attractivité du dispositif prêts bonifiés. Nous vous rappelons d’ailleurs qu’en 2012, lors des assises de l’installation, nous portions déjà cette préoccupation et des propositions pour y remédier. JA peut-il en dire autant ?

•  Vous indiquez que nous sommes « vent debout contre l’évolution du dispositif ». Ce n’est pas le cas. Nous dénonçons surtout les méthodes employées par le ministère, qui a sciemment refusé tout débat démocratique sur la question et évincé le Comité National Installation Transmission (CNIT) sur un dossier stratégique pour le dispositif d’accompagnement à l’installation.

•  Vous nous demandez d’aller « au-delà des clivages idéologiques et des intérêts particuliers » en défendant votre réforme. Nous voudrions donc vous rappeler qu’en tant que syndicat agricole représentatif, notre seul intérêt est de défendre les agriculteurs et que nous avons donc la charge de représenter les agriculteurs qui ont voté pour nos propositions. En ne dénonçant pas les méthodes employées et en ne portant pas leur voix, ce sont ces agriculteurs que nous trahirions.

Ainsi, contrairement à ce que vous pensez, nous portons aussi des idées et nous ne nous contentons pas de nous opposer systématiquement aux évolutions proposées. La section Jeunes de la Coordination Rurale réclame l’évolution de ce dispositif depuis plusieurs années et s’est prononcée à de nombreuses reprises pour l’utilisation de cette enveloppe en vue d’une dotation de trésorerie complémentaire au bénéfice du plus grand nombre, et non par la création d’une nouvelle modulation. Sur le fond de la réforme, nous ne épancherons pas plus ici car il y a un lieu pour le dialogue syndical et ce sujet est bien trop sérieux pour que nous en débattions par tribunes interposées. Nous nous retrouverons donc le 17 novembre prochain lors du Comité National Installation Transmission.

Enfin, sachez que nous serions disposés à travailler, « main dans la main » malgré nos différences, et que notre priorité est effectivement d’ « œuvrer pour que des femmes et des hommes soient toujours plus nombreux à s’installer ». Mais sachez que pour la Coordination Rurale, le travail en commun doit reposer sur des séances d’échanges et des débats, aboutissant soit à un consensus soit un arbitrage ministériel. Accepter sans broncher une réforme décidée dans l’irrespect total du débat démocratique relèverait de la mascarade.

Au travers de votre tribune, vous tentez de faire peser sur notre structure la responsabilité des tensions liées à cette réforme. Or, cette situation est due à la cogestion que le ministère applique depuis toujours avec votre syndicat, ne l’oubliez pas.

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