La Coordination Rurale observe avec inquiétude l’agitation de certaines organisations professionnelles et coopératives ainsi que du gouvernement autour des biocarburants et de l’éthanol en particulier.

Le gouvernement vante en effet les mérites de cette technique, largement développée au Brésil, qui permet d’incorporer jusqu’à 85% d’éthanol dans le carburant des véhicules et dont le développement suppose d’abondantes matières premières agricoles produites par les paysans.

Au moment de s’engager dans des investissements coûteux, il convient néanmoins de bien évaluer le réel intérêt de ce type de biocarburants, tant pour les agriculteurs que pour l’économie et l’environnement.

L’intérêt des agriculteurs passe évidemment par la rentabilité de leur travail : cette question semble taboue puisque aucun des promoteurs ne l’aborde. Or, sans la défiscalisation, l’éthanol n’est rentable que si les paysans font don de leur production… Aujourd’hui, le gouvernement s’engagerait à maintenir cette défiscalisation durant au moins 6 ans. Votée annuellement, elle pourrait toutefois être remise en cause.

Lorsqu’on examine le bilan énergétique des filières éthanol, la question économique rejoint alors la question écologique. En effet, le bioéthanol produit à partir de blé ou de betterave est le biocarburant qui consomme le plus de carburant fossile pour sa fabrication, à tel point que la production nette d’un hectare de blé est proche de zéro… Les rendements de la betterave sont légèrement meilleurs, mais ils n’ont rien à voir avec la canne à sucre qui est presque deux fois plus compétitives, que ce soit par son coût de revient ou par son rendement énergétique net. Ceci implique qu’à chaque augmentation du pétrole, l’écart de compétitivité entre l’éthanol de canne à sucre et nos éthanols métropolitains ne fera que se creuser.

La pertinence du Flex Fuel suppose donc d’importer l’éthanol des pays producteurs de canne. Au regard de tous ces éléments, la plus grande prudence s’impose : le « Flex Fuel » ne représente une opportunité que pour les transformateurs ou les importateurs d’éthanol.

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