Contrats  céréaliers éleveurs : placebo ou rente de situation ?

Le ministre de l'agriculture avait demandé aux organisations professionnelles de lui fournir leurs propositions pour atténuer les conséquences de la volatilité des marchés des grains sur la situation économique des éleveurs.

Une solution restée sans écho

La CR et l'OPG ont dès, le 15 février, proposé une organisation commerciale simplifiée, au sein de laquelle l'éleveur se fournirait en grains directement auprès du céréalier.


https://www.coordinationrurale.fr/lettre-a-bruno-le-maire-sur-les-transactions-directes-de-cereales.html


Ce système, qui aurait l’avantage de faire disparaître une des principales distorsions de concurrence entre les éleveurs français et ceux des autres états-membres dont en priorité les allemands et les espagnols, ne semble pas avoir retenu l’attention du ministre de l’agriculture, qui, pourtant s’est engagé, de lui-même, à résoudre ce problème de compétitivité avec nos voisins.

Il permettrait de réduire les coûts de l’aliment du bétail en supprimant les intermédiaires et leurs marges… Il aurait aussi pour effet, en mettant en relation des gens qui, malgré une proximité géographique, s’ignorent, d’orienter l’assolement des cultures et les achats d’aliments des éleveurs, en fonction d’une économie de proximité, plutôt que des opportunités d’import ou d’export.

La solution retenue : un retour à la case départ ?

L’autre proposition, très tardive et dans laquelle l’intérêt de l’éleveur est difficilement perceptible, est le fait de la coopération agricole par l’intermédiaire de Coop de France. Le projet, apparemment avalisé par ORAMA, consiste principalement en une cascade de trois contrats fermes entre le producteur de grains et l'organisme stockeur (OS), puis entre cet OS et un fabricant d'aliments et enfin un dernier contrat entre ce fabricant et l'éleveur. Ces contrats seraient pluriannuels (3 ans proposés), avec un prix de vente lissé suivant les références des trois derniers mois.

Cette proposition correspond pratiquement au procédé actuellement en vigueur. Les contrats avec livraison à 3 mois sont référencés sur la plupart des mercuriales de prix, et le passage agriculteur / OS / fabricant / éleveur est le système institué et soutenu par la coopération (qui associe d’ailleurs en son sein : organismes stockeurs, fabricants d'aliments et organisations de producteurs).

Qui y gagne ?

Un lissage des prix sera défavorable pour l'éleveur en période de baisse et défavorable pour le céréalier en période de hausse. Par contre la position des intermédiaires (chers à la fédération des coopératives) elle, demeure préservée.

Enfin, n’oublions pas que la bonne intention de la contractualisation franco-française, d’intégrer les coûts de production dans le prix des distributeurs, n’empêchera pas ces derniers d'aller acheter le lait ou la viande de porc en Allemagne, aux Pays bas ou au Danemark.

Hors de la PAC, point de solutions

Coop de France ne se pose aucune question de fond sur la stabilité des marchés et sur les politiques agricoles, preuve en est  le dangereux dogmatisme de ses propositions, assises sur ces deux affirmations:

  • la volatilité des marchés de matières premières agricoles est désormais « structurelle »
  • il convient de rester connecté aux marchés mondiaux.

A l’inverse, pour la CR et l’OPG, une réflexion plus globale sur la régulation des marchés et une remise en ordre de la PAC sont les vrais moyens efficaces pour stabiliser les prix agricoles et les revenus des producteurs.

Ces questions se règleront à Bruxelles et à Genève, le jour où nos responsables politiques en auront la volonté, mais jamais au sein des filières.

Contacts presse :
Jacques Commère – Responsable OPG – 06 74 44 02 06
Aurore Demarigny – Chargée de Communication – 06 76 52 01 03


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