Pas de pluie, pas d’herbe. La France est en proie à une intense sécheresse depuis plusieurs semaines. Seulement 8 millimètres de pluie sont tombés en moyenne sur l’ensemble du pays entre le 1er et le 25 juillet, selon les données transmises par Météo France. Résultat : l’herbe ne pousse plus. « Seul le Limousin, qui comprend notamment la Creuse, la Corrèze et la Haute-Vienne, est épargné », indique Agreste dans son dernier point de conjoncture Prairies. « Dans cette partie centrale de la France, les pluies ont été proches de la normale, et la pousse se situe elle aussi dans la norme », précise le service statistiques du ministère en charge de l’agriculture. A l’inverse, le déficit hydrique touche particulièrement le sud de la France et plus particulièrement la région PACA, où la baisse du rendement des prairies atteint - 60 %.

Un manque de nourriture pour les animaux

La manque d’eau et les épisodes caniculaires ont fortement réduit les rendements des prairies où poussent les fourrages pour nourrir les animaux. « Au 20 juillet, la production cumulée des prairies permanentes depuis le début de l’année est inférieure de 21% à la normale », note Agreste. Les conséquences de cette perte de rendement se font déjà sentir chez les agriculteurs qui craignent de manquer de nourriture pour leurs animaux. « Cette année, nous avons rentré 60 % de foin de moins par rapport aux années précédentes. La première coupe a été plutôt qualitative, mais peu abondante. Quant aux deuxième et troisième fauches de la saison, elles sont totalement insignifiantes et ne nous permettront pas de reconstituer les stocks pour cet hiver », déplore Christophe Ivaldy, éleveur dans les Hautes-Alpes.

Des éleveurs contraints de quitter les alpages

Autre conséquence de la sécheresse : confrontés à la sécheresse des alpages, certains éleveurs songent à faire redescendre leurs animaux. « Normalement, les éleveurs commencent à nourrir les animaux avec du fourrage à partir de novembre, lorsque l’herbe n’est plus assez abondante. Mais cette année, le manque d’eau pour l’abreuvement des animaux et les carences en herbe dans les alpages obligent certains éleveurs à redescendre leurs bêtes sur l’exploitation bien plut tôt que prévu. Conséquence, ils sont amenés à puiser dans leurs stocks de fourragers prévus pour l’hiver », explique Mickaël Robin, éleveur de brebis dans les Hautes-Alpes. Et pour faire face à ce phénomène, impossible d’aller chercher des approvisionnements dans d’autres départements, « car la sécheresse sévit partout en France. L’ensemble des régions françaises et des agriculteurs sont donc impactés par le manque de ressources », souligne l’éleveur.

Les éleveurs commencent à décapitaliser

La sécheresse impacte également l’état sanitaire des troupeaux. Christophe Ivaldy le confirme. « Avec ces chaleurs nous sommes contraints de rentrer les brebis l’après-midi. Les animaux sont assoiffés et stressés. Les agneaux ont également du mal à supporter les fortes températures et ont du mal à engraisser. Ils sont clairement retardés dans leurs croissance ». Seule solution, selon lui, vendre une partie des animaux. « Nous allons devoir vendre entre 5 et 10% du troupeau. C’est un choix dicté par la conjoncture. Il permettra de mieux entretenir le cheptel restant », espère l’éleveur. Pour autant, si la décapitalisation des cheptels s’intensifie, « cela risque de mettre la pression sur le marché de la viande qui va finir par saturer et cela aura forcément une influence négative sur les cours », alerte Mickaël Robin. > L’herbe devient une denrée rare alors que la France a connu le mois de juillet le plus sec depuis 1959, selon Météo France. La région PACA affiche quant à elle un record de chaleur historique. Selon Météo France, il n'a jamais fait aussi chaud du 1er juin au 15 juillet en Provence-Alpes-Côte d'Azur depuis le début des observations en 1947. Et la situation ne devrait pas s’améliorer en août puisque commence le quatrième vague de chaleur de l’année.

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