Portrait de Serge Genevay, arboriculteur et céréalier dans le Rhône, agriculteur passionné et militant syndical déterminé. A 48 ans, il est à la tête d’une exploitation de 60 hectares à Saint-Germain-au-Mont-d’Or, petite commune du Rhône bordée par la Saône.

Entraîné par une vocation d’agriculteur héritée d’une forte tradition familiale, il a décidé de s’installer seul il y a bientôt 30 ans. « Déjà à l’époque, j’ai eu des difficultés à trouver des terres pour m’installer. J’ai dû faire un gros travail de défrichage des terres », raconte-t-il tendant à faire penser que les problématiques pour les installations des jeunes ne sont pas si récentes.

Produire son propre jus de fruits, dans son propre atelier Très tôt conscients que les diktats de l’agro-industrie poussaient dans les poubelles de nombreux fruits parfaitement consommables, ses parents avaient installé dès 1986 un atelier de transformation au sein même de l’exploitation pour produire leur propre jus de fruit et ainsi valoriser leur récolte. Il est aujourd’hui utilisé par de nombreux arboriculteurs de la région ainsi que des viticulteurs du Beaujolais.

« Je suis le seul de la région à posséder un atelier de cette configuration : il permet une forte adaptabilité à la demande, qu’il s’agisse de petits ou de grands volumes. » Il lui permet la commercialisation de son jus de fruits en gros, demi-gros et en vente directe, en conditionnements de 50 centilitres, d’un litre ou de trois litres. L’activité est d’ailleurs en croissance constante depuis 2003, date à laquelle il a repris l’atelier au moment de la retraire de ses parents.

Pratiquant convaincu des TCS… Soucieux de se diversifier raisonnablement, Serge cultive aussi des céréales, principalement du maïs et du blé. Il a adopté depuis 2011 les techniques culturales simplifiées (TCS) pour des raisons tant économiques que techniques. « La mise en place des TCS ne se fait pas toute seule, du jour au lendemain. », estime Serge. Et il sait de quoi il parle, lui qui a franchi le pas après plus de dix années de recherche et des expérimentations de semis simplifiés.

« Ce changement n’est pas simple au départ : les TCS sont plus techniques que le labour. Les groupes de travail et d’échange permettent toutefois de rencontrer de nombreuses personnes et d’avancer ainsi de manière raisonnée », explique-t-il avant de justifier ce choix mûrement réfléchi. « Sur l’exploitation, le gain de temps et d’argent est loin d’être négligeable. Mais il faut faire un réel choix au départ ; le choix des TCS répond à un état d’esprit. »

… et militant actif de leur développement La CR avait décidé d’organiser l’édition 2015 du Festival du non labour et semis direct (NLSD) dans l’Ain, à Misérieux, une région fortement céréalière. Serge a participé activement à sa préparation et trouvé ainsi un bon moyen pour promouvoir les techniques qu’il a adoptées depuis quatre ans. « Il était intéressant de présenter nos techniques à des non-pratiquants pour faire évoluer les mentalités. Elles intéressent de plus en plus au-delà des pratiquants. J’en veux pour preuve que des gens très critiques sur le semis direct sont tout de même venus au NLSD cette année. »

Des prix, pas des primes, plus que jamais ! Longtemps asyndiqué et après une courte expérience dans le syndicalisme majoritaire, il rejoint les rangs de la CR dès 1992. « J’ai à ce moment-là rencontré des personnes ayant les mêmes objectifs, qui voulaient changer les choses et faire entendre une autre voix. » Il est aujourd’hui membre du conseil d’administration de la CR69 et porte avec conviction les revendications du syndicat au sein des différentes instances, et auprès des concitoyens et des collègues agriculteurs. « Il faudra en passer par un retour aux prix pour l’agriculture. Quand toute la profession l’aura compris, nous pourrons évoluer positivement. »

Il n’appelle souvent les agriculteurs à la solidarité et à l’unité, à ne pas diviser les céréaliers, les éleveurs, les arboriculteurs, que parce qu’il est conscient que la tâche est ardue : « Les aides à l’agriculture font vivre toute une filière. Sans argent à distribuer, plus besoin de ces intermédiaires, qui existent aussi dans l’administration publique et les OPA (Chambres d’Agriculture) ».

Mais ne dit-on pas que plus le combat est difficile, plus la victoire est belle…

Dans la même catégorie

Économie
Environnement
Alimentation
Économie