En se basant sur les données fournies par l’Observatoire de la formation des prix et des marges (OFPM), ainsi que sur les hausses des prix des matières premières, estimées via les différentes sources disponibles, FGC estime que le coût de production du blé tendre en mars 2022 s’élève à environ 310 € par tonne.

Ce coût de production estimé se compose comme suit :

Hausse des prix constatés en mars 2022 par rapport aux prix 2020 : • Ammonitrate 33,5 : 1200 €/t au lieu de 250 en 2020 : 200U/ha soit 720 €/ha => + 570 €/ha ; • GNR : 2 €/l soit + 120 €/ha ; • Phosphate : passage de 0,65 €/unité à 2 €/unité soit + 1,35 €/unité  : 30U/ha soit + 40 €/ha ; • Potasse : (passage de 0,45 €/u à 1,20 €/u, soit + 0,75 €/u (40U/ha) soit + 30 €/ha ; • Hausse des assurances récolte (x2, sur la base de la valeur de la récolte qui a doublé) => + 25 €/ha ; • + 25 % sur le bâtiment + matériel (estimé sur la base de + 10 % sur matériel, + 25 à 50 % sur bâtiment) ; • 1,09 % d'augmentation des fermages en 2021.

En ajoutant à ces facteurs de production les différents frais et la rémunération de l’exploitant à hauteur de 1,1 smic (FGC considère cette convention de l’OFPM beaucoup trop basse pour un responsable d’exploitation), les cotisations afférentes, ainsi que l’ensemble des charges qui pèsent sur les exploitations agricoles produisant des grandes cultures, cela conduit à un coût de production total de 310 €/tonne de blé et une hausse des charges de l’ordre de 59 % par rapport à l’année 2020, dernière année de référence disponible selon les données de l’OFPM. Cette hausse des charges est principalement tirée par la hausse du coût des engrais azotés, ainsi que par la hausse du GNR, et les charges liées au matériel et celles afférant à la construction des bâtiments agricoles. Certaines charges n’ont pas été intégrées faute de relevés de prix fiables ou en raison de la trop grande variabilité (la hausse des prix de l’irrigation est très variable selon les contrats, la hausse des prix des produits phytosanitaires est variable selon les matières actives, etc.)

 

Éléments d’analyse : Cette hausse des coûts de production, dans l’hypothèse d’un achat des intrants en mars 2022, ne correspond pas à la réalité de chacune des exploitations françaises. Le coût de production réel pour chaque exploitation dépend de la date de fourniture en engrais azotés, mais certains agriculteurs sont effectivement amenés à se fournir en ce moment même : cela représente des sommes engagées colossales à l’échelle des exploitations, et au regard de la volatilité des cours, sans la moindre sécurité quand au prix de vente réel de la production.

Dans une perspective d’incitation à la production liée au contexte en Ukraine, FGC souhaite que le risque ne repose pas sur les seuls agriculteurs, et que des dispositifs de prix sécurisants puissent être mis en place, que ce soit au niveau français ou européen. Les prix d’intervention de l’Union européenne (prix de rachat minimum garantis) relevés à des niveaux en adéquation avec les coûts de productions actuels pourraient constituer un outil mobilisable et extrêmement incitatif pour faire face à la nécessité d’accroître les volumes tout en permettant aux agriculteurs de limiter leur prise de risque.

Les producteurs engagés via divers contrats avant de connaître la situation de hausse des charges actuelle se trouvent également bloqués dans une situation qui semble intenable. Pour FGC, les agriculteurs doivent pouvoir répercuter l’ensemble de leurs coûts de production sur les prix de vente, afin de pouvoir vivre dignement de leur métier sans supporter seuls les risques d’une volatilité des marchés qui s’impose à eux. Les réticences actuelles d'intégrer la vente des productions en grandes cultures dans Egalim 2 avec une prise en charge totale des coûts de production comme le demandait FGC pourrait se révéler catastrophique en cas de retournement des marchés.

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