Le 20 mars dernier, dans le Morbihan, des activistes ont immobilisé un train transportant des céréales destinées à la fabrication d'aliments pour le bétail. Une partie du chargement a été déversé sur sur les voies. L'opération a, certes, suscité une vague d'indignation, mais le mal est fait, selon Joseph Jouffrey, président de la Coordination Rurale des Hautes-Alpes.« Les manifestants se sont livrés a un gaspillage scandaleux ! Pas moins de 1500 tonnes de blé ont été perdues. Pour qui, pour quoi ? La Coordination Rurale ne peut que déplorer et condamner cet acte totalement irresponsable, qui intervient au moment même où la France doit retrouver sa souveraineté alimentaire ».

Les éleveurs particulièrement impactés

Pour le président de la CR 05, il est en outre « inadmissible de détruire des productions de céréales alors que les agriculteurs commencent déjà à en manquer. L’Ukraine et la Russie sont en effet le grenier à céréales de l’Europe et de la France. La guerre actuelle impacte la production, mais aussi l’exportation et donc l’ensemble de la filière agricole française. Les éleveurs, notamment les producteurs de porcs et de volailles, sont les plus touchés par cette pénurie, car très consommateurs de céréales ». > La Russie et l'Ukraine sont respectivement premier et cinquième exportateurs mondiaux de blé, représentant à eux seuls 30% de l'approvisionnement mondial.

Des prix qui flambent

Autre conséquence de ce contexte géopolitique particulièrement tendu : les prix qui ne cessent de grimper. En mars, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les prix ont bondi de 12,6% suite à l’envolée des cour dès le matin de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les prix des céréales ont enregistré, pour leur part, une hausse de 17,1%. « Le prix du blé a plus que doublé, étranglant encore d’avantage les agriculteurs déjà pris à la gorge. C’est pourquoi, en balancer 1500 tonnes par terre est plus que condamnable, dans un tel contexte », souligne Joseph Jouffrey.

Un acte qui ne doit pas rester impuni

C'est pour pourquoi, selon lui, « cet acte ne doit pas rester impuni, sans quoi, encore une fois, ce sont les agriculteurs, en bout de chaîne, qui vont pâtir de cette incivilité, immoralité, bêtise humaine… C’est nous, producteurs, qui allons à nouveau payer la note ! », s’inquiète le président de la CR des Hautes-Alpes. > Une enquête a été confiée par le parquet de Lorient à la Brigade de recherches (BR) de gendarmerie départementale de Pontivy, sous les qualifications délictuelles d’entrave à la mise en marche ou à la circulation d’un train, dégradations de biens privés... Reste à espérer que les autorités ne se montreront pas trop conciliantes pour des raisons électoralistes…

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