La filière spiruline a véritablement démarré dans le VAR suite à la création du groupement FILAO. Le but étant de trouver 10 producteurs pour que la Chambre d’agriculture prenne en compte cette nouvelle culture et puisse aider à son développement.


Démarrage de la spiruline : la charrue avant les bœufs !

Lorsque la spiruline a démarré dans le Var, au lieu de faire des recherches sur la technique, seule la communication a été au rendez vous et de nombreux articles de presse ont propulsé la spiruline comme nouvel eldorado pour le Var à un moment où l'horticulture commençait à vaciller. Il était fait état d’un rendement de 70 euros au m2 de serre, pour une culture très facile avec un minimum d'investissement !

 

ELDORADO, le mot est vrai puisque entre 2005 et 2010 le nombre de producteurs s’élève à plus de 30 rien que dans le Var, mais sans que cela profite à FILAO, puisqu’au contraire, il perd ses principaux adhérents.

 

Suite à ce constat et ayant alerté le président de la Chambre d’agriculture M. Alain Baccino, un audit est mis en place, plusieurs constats sont faits :

- Le nombre de producteurs accuse un net recul en 2012, il retombe à 16 comme en 2008.

- Les producteurs ne sont pour la plupart plus les mêmes

- Aucune amélioration n’est enregistrée pour la filière puisque l’immense majorité des producteurs ne vit pas que de la spiruline et ceux qui ne produisent que de la spiruline ont souvent une activité d'achat revente et ont malgré tout des difficultés financières.

 

Conclusions et perspectives :

La filière la plus proche dans la façon de travailler est la viticulture: on produit à un moment de l'année, on stocke, on vend sans être soumis aux aléas de l'offre et la demande (semaine par semaine), ce qui permet de construire un réseau commercial. La comparaison s'arrête là, car autant la viticulture est à son apogée dans le Var, autant la spiruline en est à ses balbutiements, hélas nous pouvons penser que la situation ne va pas beaucoup évoluer pour plusieurs raisons :

 

- Il n’y a aucune maitrise réelle de la technique culturale de la spiruline. Contrairement à toutes les autres cultures, il n'y a pas de marchands de plants qui assurent souvent le suivi technique des nouveaux producteurs.

- Il faut se construire son réseau commercial et la clientèle intéressée par ce produit n'est pas encore assez nombreuse pour permettre une explosion de la production, d’autant plus que la spiruline d'importation est très présente dans le réseau classique des pharmacies et magasins bio.

- Les producteurs souhaitant se lancer dans la spiruline sont issus autant du milieu agricole que d’un autre milieu professionnel. Ils arrivent avec des idées préconçues sur le rendement, et oublient le facteur climatique et aléatoire de toute production agricole. Beaucoup voient aussi dans la spiruline, un retour à la nature, avec le coté écologique très porteur, mais ont-ils vraiment la fibre entrepreneuriale ? Dans le sens dur, ingrat et instable du statut d'agriculteur.

- Enfin, une dérive commune à toutes les filières vers le gigantisme : pour le moment, en France, nous sommes tous dans un système de production artisanale, mais qu'adviendra-t-il si comme en Andalousie, un grand groupe décide d'investir et de créer la 2ème ferme de spiruline au monde et la 1ere en Europe?

 

Vu de l'extérieur, la Spiruline pourrait permettre à des horticulteurs en quête de reconversion de se repositionner sur une autre spécialité, mais la tranche d'âge de la majorité de nos confrères et l'état moral du plus grand nombre (les résultats de participation aux élections à la chambre en sont l'illustration cinglante) me semble un obstacle infranchissable pour beaucoup qui sont désabusés et souvent proches de la retraite sans succession envisagée sur l'exploitation.

 

La Chambre d'agriculture, et surtout le SCRADH qui voit ses moyens se réduire chaque année, ne peut pas nous aider techniquement. Elle ne veut pas nous aider individuellement, et encourage au regroupement, mais l'expérience malheureuse de FILAO nous a échaudés.

 

Une fois ce constat établi, les mesures à mettre en place sont simples mais urgente : Sans filière reconnue, pas de promotion ! Il reste donc une seule aide possible : au même titre que pour la viticulture, créer une route de la Spiruline et flécher toutes les fermes, notre survie passe par le circuit court. Le coût financier ne doit pas être insurmontable pour une Chambre d’agriculture, l’ambition est somme toute modeste mais urgente !!

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