La Coordination Rurale du Var a organisé son assemblée générale le jeudi 23 novembre dernier, ce qui a permis aux agriculteurs du département d’échanger sur différents sujets les menaces qui pèsent sur l’environnement agricole varois. Son président, Max Bauer, a ainsi pu évoquer les différents combats syndicaux menés par la CR 83.

Une réalité : la déprise agricole

À cette occasion, un état des lieux de l’agriculture varoise a été proposé afin de souligner notamment l’importante déprise agricole du département. En effet, avec 12 % des espaces occupés par l’agriculture, le Var est le département en région PACA où les surfaces agricoles – prises en étau entre une urbanisation grandissante et des milieux naturels fortement étendus – sont les plus rares.

L’artificialisation des sols

Dans le Var, les territoires urbanisés ont progressé d’environ 40 000 ha depuis 1988. Les territoires agricoles ont eux régressé d’environ 16 000 ha, soit une augmentation de 59% pour les territoires urbanisés, contre une diminution de 13 % pour les territoires agricoles .
> Les sols artificialisés représentent 77 258 hectares soit 13 % du département (10 % en moyenne pour la région).

Un point sur lequel Christophe Campanelli, directeur départemental de la Safer est intervenu afin de préciser les moyens mis en place pour lutter contre ce phénomène : « Dans le Var, le Plan de Reconquête Agricole doit notamment apporter des solutions concrètes, partagées et concertées, au développement agricole. L’objectif : reconquérir 10 000 hectares de terres agricoles supplémentaires à l’horizon 2030 ». Max Bauer a toutefois rappelé que « ce plan n’est sans doute pas assez ambitieux car 10 000 hectares, ce n’est que 8 % de l’espace agricole perdu depuis 1960 ».

Un phénomène à prendre au sérieux : la cabanisation

Outre le plan de reconquête, l’assemblée a également évoqué le détournement agricole ou cabanisation, qui sévit dans le département depuis une dizaine d’année. « Des terres qui étaient jadis agricoles ont été détournées de leur usage et vendues à des particuliers qui s’en servent pour entreposer du matériel. Exemple : dans l’arrière-pays varois, la plaine de l’Argens est l’une des plus fertiles d’Europe. Mais peu à peu, ses champs se couvrent d’entrepôts, de lieux de stockage et d’habitations sommaires », déplore Max Bauer.
Les détournements d’usage posent deux problèmes majeurs : d’une part, ils empêchent la valorisation agricole de ces terrains alors même que les terrains à potentiel agricole deviennent rares ; d’autre part, ils altèrent parfois le potentiel agronomique de ces terrains en les artificialisant. « Les communes et les élus ont un rôle à jouer dans ce dossier pour protéger ces terres fécondes et empêcher le détournement d’usage » affirme le président de la CR83.
À ce titre, Christophe Campanelli a interpellé sur l’intérêt et l’urgence de créer de nouvelles Zones Agricoles Protégées, aujourd’hui au nombre de 12 dans le Var. « La ZAP est un outil foncier de sécuriser à long terme la vocation agricole du sol », a t-il d’ailleurs rappelé.

La présence du loup dans le Var

Enfin, les membres du conseil d’administration et les adhérents de la CR83 ont évoqué les nouvelles contraintes des agriculteurs du département et notamment l’expansion du loup sur le territoire. En effet, à l’issue du dernier comptage, le Var compte 21 zones de présence permanente (ZPP) de Canislupus, dont 20 où se trouvent au moins une meute et une au statut incertain. « Le loup continue à coloniser le Var. On a cinq nouvelles ZPP, deux à l’Est (Siagnole, Tanneron) et trois dans les Maures dont une au nord d’Hyères. C’est le constat », a indiqué Max Bauer.
Pour faire baisser la pression sur les troupeaux, des tirs de prélèvement sont organisés. Depuis le début 2023, une dizaine de loups ont été tués par la brigade de l’OFB, ou les lieutenants de louveterie. Ce nombre est jugé insuffisant, et pour cause : « dans le Var, 173 attaques ont été recensées depuis janvier 2023, sur 326 ovins, 27 caprins et un chien de troupeau. Il devient donc urgent de faire évoluer les méthodes de comptage et de mettre en place des mesures efficaces, notamment une simplification des tirs de défense ou encore l’octroi d’avances aux agriculteurs obligés d’investir dans des dispositifs de protection coûteux »,
« Je suis aussi très inquiet sur la présence du loups dans nos villes. Les médias nous en font part assez régulièrement. Lors de la visite du Ministre de l’agriculture Mr Marc Fesnau dans le Var ,j’ai d’ailleurs abordé ce sujet. Il est conscient que les solutions qui doivent être mis en place sont compliquées », a souligné Max Bauer.

Allô Agri est désormais reconnue d’intérêt général

Après avoir également abordé les sujets préoccupants de l’accès à l’eau ou encore de la prolifération du frelon asiatique, Max Bauer a clôturé les débats en évoquant l’avancée de l’Association Allô Agri qu’il a créé en 2020. « L’association Allo Agri est désormais reconnue d’intérêt général par l’administration fiscale en vertu de son caractère social et éducatif. Cette reconnaissance permet désormais aux donateurs de bénéficier de déductions fiscales : 66 % pour les particuliers, 60 % pour les entreprises. À bon entendeur !» a t-il conclu, avant d’inviter les participants à se retrouver autour d’un buffet convivial.

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