Réconforté par les résultats des dernières élections (FNSEA + JA = 53,39 % avec un taux d'abstention de 45,10 %), le syndicat dit « majoritaire » ou « de cogestion » (depuis plus de 60 ans) entretient ces derniers temps un rapport de force avec le Ministre de l’Agriculture, le tout orchestré par des manifestations ou des annonces médiatiques.
Pendant la campagne électorale, en janvier 2013, la FNSEA demandait carrément lors d'une manifestation sur les nitrates, la démission d'un Ministre jugé « arrogant ». Au passage, elle défendait un sujet absent depuis toujours de ses préoccupations, alors que la CR dénonce les erreurs commises à ce sujet depuis plus de 15 ans.
Dernièrement, les petites phrases assassines de M. Beulin envers le ministre de l'agriculture sont légion :
« Je lui demande aujourd'hui d'être un peu plus présent dans la sphère agricole et peut-être un peu moins sur d'autres sujets. »
« Il a largement soutenu la Conf, en baissant le seuil de représentativité syndicale et malgré notre score qui conforte notre place de leader, il ne nous considère pas comme tel et nous n’entretenons pas de relations de travail avec lui. »
Les mots sont lâchés : « représentativité, » « leader ». Et que dire lors de la manifestation des éleveurs à Paris, quand la FNSEA ne veut pas de la présence du Ministre et que son Président déclare « on attend d'un Ministre qu'il s'investisse un peu plus » ?
Pourquoi ces tensions ? La FNSEA et les JA entendent-ils les grondements de leurs propres adhérents ? Les propos de X. Beulin laissent penser qu'ils craignent de voir leur suprématie chanceler...
« Le syndicat tient à être le partenaire incontournable des prochaines échéances que sont la mise en œuvre de la PAC ».
« Monsieur le Ministre, vous connaissez bien la notion de démocratie sociale que cultive notre pays. Vous ne serez pas étonné que le syndicalisme majoritaire souhaite être consulté, écouté, entendu et respecté. Entendez-nous M. le Ministre et ne vous trompez pas d'interlocuteur !
Xavier Beulin parle de respect, mais maîtrise-t-il vraiment ce concept ?
J'ose prendre le rugby pour exemple : l’équipe doit respecter les adversaires et surtout l'arbitre . Quand il souhaite jouer avec ses propres règles ou durcir le jeu, il faut qu'il accepte alors les clameurs venant des tribunes et les conséquences.
Nous, à la CR, depuis bientôt 20 ans, nous savons pratiquer le respect, mais surtout la sincérité envers les agricultrices et les agriculteurs qui nous ont accordé leur confiance pour devenir le 2ème syndicat en France. Depuis des années, la CR n'a de cesse de proposer, dénoncer et marteler que de nombreuses filières sont en danger et que de nombreux agriculteurs travaillent à perte.
On ne peut avoir de double discours : lorsqu'on est du côté de l'agroalimentaire et de la grande distribution, on ne peut pas être de celui des agriculteurs. On ne peut agir de la sorte que lorsqu'on veut rester l'interlocuteur privilégié. On comprend mieux les impasses de nombreuses filières et le désespoir du monde agricole.
Max Bauer
Président de l’ UNIPHOR et de la Coordination Rurale 83, élu Chambre d'Agriculture
