On est bien loin de la carte postale… Au lieu d’un violet éclatant en cette saison, les parcelles de lavande du Vaucluse et des Bouches-du-Rhône affichent des couleurs ternes, comme brûlées.
La raison ? Depuis quelques jours les lavandiculteurs de la région PACA font face à une véritable invasion de chenilles noctuelles.
Une origine climatique
L’origine de cette attaque serait climatique. Plusieurs épisodes de sirocco, un vent chaud venu d’Afrique du Nord, ont en effet transporté des papillons jusqu’en Europe, qui ont pondu par milliers. Les cycles de reproduction ont eu lieu, et les chenilles se sont multipliées de manière exponentielle. Aujourd’hui, leur appétit ravageur met en péril la future récolte de lavande.
La noctuelle, ou plutôt sa chenille, est aussi appelée « ver gris ». Cet insecte dévore le collet des plantes, la base de jeunes les tiges et les racines, ce qui provoque leur dessèchement complet.
> A noter que certains arbres, notamment l’abricotier, peuvent être parasités, de même que la vigne.
« Malheureusement, personne n’a anticipé l’ampleur de l’invasion », déplore Franck Mourgues, président de la Coordination Rurale des Bouches-du-Rhône et lavandiculteur. « Ces insectes ravageurs ne sortent que la nuit pour dévorer les tiges de lavandes et restent invisibles en journée. C’est pour cela qu’on s’en est rendu compte trop tard. Au début, on pensait que c’était la chaleur et on ne s’est pas trop inquiétés, mais à présent, c’est une vraie catastrophe. Ce qui frappe dans cette invasion, c’est la fulgurance. Les plants ont été décimés en cinq jours ».
L’avenir des lavandiculteur compromis ?
Désormais, les lavandiculteurs craignent pour l’avenir de leurs plantations. D’autant que ce phénomène, inédit, affecte l’ensemble des secteurs de production, déjà touchés par un effondrement des cours en partie lié à une surproduction.
En outre, les conséquences de ces pertes devraient non seulement se répercuter sur la production d’huiles essentielles, mais aussi dans d’autres secteurs d’activité. Le ramassage précoce des lavandes et lavandins impacte, par exemple, le tourisme, mais aussi l’apiculture, les abeilles n’ayant plus de lavandes pour butiner.
Voilà les conseils donnés aux lavandiculteurs par le CRIEPPAM :
– Le seuil de nuisibilité est de 2 à 3 chenilles / plante
– Si vous avez seulement quelques parcelles attaquées : récoltez-les en priorité. Surveillez cependant, régulièrement les autres parcelles
– Si vous avez de nombreuses parcelles touchées : réalisez un traitement insecticide en urgence, dans la mesure du possible
– Avertissez les apiculteurs que vous allez traiter. Ne traitez qu’à partir de la tombée de la nuit, jamais en présence d’abeilles sur les cultures
– Respectez la notice des produits et les doses homologuées