Alors que Menton a été placée en "crise sécheresse" par la préfecture des Alpes-Maritimes, les mesures de restrictions d’eau pourraient avoir d’importantes conséquences sur la prochaine récolte de citrons. « Cette année, la production a été très largement impactée par la sécheresse. Près de la moitié des fruits, brûlés par le soleil, ont noirci comme des olives et ont fini par tomber. Les citrons qui sont arrivés à maturité étaient quant à eux bien plus petits que d’habitude. Résultat, 70% de la production IGP de Menton à été déclassée, contre 20 % pour une année normale » explique Pierre Ciabaud, agrumiculteur et adhérent à la Coordination Rurale des Alpes-Maritimes.

Une dérogation exceptionnelle

Pour autant le pire n’est pas encore écarté ! L’épisode d’intense chaleur que connaît la France en ce mois d’août, met aujourd’hui en péril la récolte de l’année prochaine. « Il faut en effet savoir que le citronnier est un arbre très gourmand en eau. Un arbre adulte peut consommer jusqu'à 100 litres d'eau par mois. Or, avec la sécheresse et l’impossibilité d’arroser, les feuilles jaunissent et ne permettent plus aux arbres de faire leurs réserves pour l’hiver. Cela compromet donc la production et la qualité des futurs citrons » alerte Pierre Ciabaud. La Coordination Rurale demande ainsi que soit mise en place une dérogation exceptionnelle afin de permettre aux agrumiculteurs le recours à l’irrigation sans tarder. « La coupure complète de l'arrosage risque de faire disparaître un patrimoine exceptionnel et aura un coût considérable pour la collectivité », alerte de son côté la ville de Menton dans un courrier adressé la semaine dernière au préfet des Alpes-Maritimes. Mais le mal est déjà fait : de nombreux végétaux rares et identitaires de la région sont déjà morts.

Faire évoluer le cahier des charges

Pour faire face, il faudrait également élargir provisoirement le cahier des charges de la labellisation, notamment en terme de calibrage, estime Elisabeth Venne, présidente de la CR06.  « L’idéal serait de labelliser en IGP au moins la moitié des citrons qui seront récoltés jusqu’au printemps prochain et de vendre à un prix majoré les autres fruits pour la transformation ». Pas question en revanche de modifier d'autres critères. « Il ne s’agit pas de remettre en cause l’IGP qui est pour nous une réelle valeur ajoutée et pour les consommateurs un véritable signe de qualité. Il s’agit simplement de faire face à une situation problématique et ce, de manière exceptionnelle », précise Elisabeth Venne. > L'arrêté sécheresse, qui limite l'arrosage dans le département des Alpes-Maritimes, est en vigueur jusqu'à la fin du mois d'août.  

Dans la même catégorie

Provence Alpes-Côte-d'Azur
CR 06
Provence Alpes-Côte-d'Azur
Provence Alpes-Côte-d'Azur