Ils représentent deux tiers des agriculteurs qui s’installent chaque année. On les appelle les « hors cadre familial » ou les « néo-ruraux » ou encore les  Non Issus du Milieu Agricole « NIMA », car ils n’ont pas de parents agriculteurs et viennent d’un autre milieu.

Et ils sont importants ces agriculteurs ! « Sur les dix dernières années, près d’une exploitation sur cinq a disparu  dans la région et dans les prochaines près de la moitié des agriculteurs devraient prendre leur retraite. Le secteur a besoin de sang neuf et donc de ces urbains qui deviennent paysans. Il est, de fait, urgent de mettre en place des actions et mesures politiques appropriées afin de permettre voire d’encourager l’installation de ces nouveaux agriculteurs et nouvelle agricultrices » assure Max Bauer, président de la Coordination Rurale PACA.

De véritables freins à l’installation

Pour autant, ces nouveaux installés sont confrontés à de nombreuses difficultés, voire à de sérieux freins qui en décourageraient plus d’un… « Pour les néo-ruraux, c’est un peu la triple peine : ils n’ont pas de réseau familial, pas de réseau d’entraide et disposent de très peu de possibilités de dotation », souligne Caroline Lecanuet, installée depuis trois ans comme viticultrice à Eguilles, et trésorière de la Coordination Rurale des Bouches-du-Rhône. « Certes, y a des aides pour les moins de quarante ans, à condition de présenter un projet solide, un business plan, mais pour les autres, il n’existe pas grand-chose ».

> Les régions, les chambres d’agriculture accordent en général des prêts à 4% ou proposent des financements participatifs. Le demandeur doit s’engager sur 4 ans. L’aide est de 35 000 euros en moyenne.

> Dans les Bouches-du-Rhône, le Pays d’Aix a par ailleurs mis en place un prêt « Initiative ». Il s’agit d’un prêt d’honneur à taux 0 %. Le montant du prêt est de 3 000 € à 8 000 € par projet. Pour les prêts reprise et croissance, le montant peut être porté exceptionnellement à 30 000 € si les besoins sont avérés

Pas de formation ni de contrôle des connaissances

Or, sans subventions ni aides, ni entraide, créer une exploitation agricole viable ou même reprendre une entreprise est un véritable défi. « Et la situation est encore pire pour ceux qui n’ont pas de formation agricole, qui ne peuvent pas bénéficier des connaissances ou des moyens de production de leurs aînés », indique l’agricultrice.
Pour les néo-ruraux, il n’existe en effet aucun système de validation des connaissances. Selon, Caroline Lecanuet, « c’est assez dingue, car on se s’improvise pas agriculteur ! Pour moi le pré-requis à l’installation, outre les moyens financiers, c’est surtout d’avoir déjà une expérience, de connaître le milieu, d’avoir exercé en tant que salarié ou d’avoir quelqu’un dans son environnement qui peut aider dans l’activité ».

Aucun suivi ni évaluation

En outre selon elle, une fois que le projet est lancé, il y a de véritables carences au niveau des dispositifs d’accompagnement. « Il y a des trous dans la raquette. Par exemple, à ce jour, il n’existe aucune évaluation dans le processus d’installation. Seuls les jeunes agriculteurs sont accompagnés dans le cadre de la DJA , pour voir si les critères de dotation sont respectés. Mais pour les autres, personne n’intervient pour vérifier si le projet est pérenne, pour demander à quoi le prêt a servi, si le nouvel installé est en capacité de le rembourser et encore moins si l’activité est rentable. Pour combler les manques, il faudrait pourquoi pas mettre en place un système de tutorat en nommant un agriculteur référent sur chaque parcours d’installation et ce, durant au moins cinq ans », propose l’agricultrice.

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