Au journal d’Arte du 27 janvier 2014, il a été communiqué le nombre de suicides concernant le milieu paysan français. Environ 180 agriculteurs se suicident par an essentiellement des éleveurs laitiers.
Dans ce reportage, un jeune agriculteur, heureusement soutenu par sa femme, se retrouve acculé à la fois par l’Etat et les normes administratives. Au regard des derniers scandales industriels, de la MSA qui prélève des cotisations sur des revenus inexistants par tous moyens, de la banque qui concocte un endettement surréaliste, et de ses principaux clients qui ne jurent que par la baisse des prix... Les normes administratives imposées à tous semblent totalement inutiles !
J’en veux tout particulièrement à la société Danone, qui n’est certes pas la seule, mais qui sous-paye de façon notoire sa matière première qu’est le lait qui se vantent de faire du commerce équitable dans certains pays comme le Bangladesh, et refuse de le faire dans son pays d’origine (il en est de même pour les abattoirs de viande). J’ai eu aussi l’occasion de m’entretenir sur ce sujet avec un cadre de cette société, à qui j’ai dit que Danone était un esclavagiste des temps modernes. Si ce n’est pas le cas avec ses salariés directs, c’est la cas avec ses principaux fournisseurs de lait.
J’estime qu’aujourd’hui on ne peut plus rester les bras croisés ! Vigneron, je me sens comme un nanti de l'agriculture, tout simplement parce que j’ai la chance de pouvoir vivre de mon métier avec un revenu décent et sans subvention, en conservant des horaires de travail confortables (même si ce n'est pas au 35h !). Pour le jeune homme du reportage, c’est un véritable sacerdoce : il est inacceptable de travailler 70 heures par semaine pour un salaire quasi inexistant et de faire vivre sa famille avec le salaire de sa femme qui travaille en ¾ temps ! Pourtant c'est devenu une réalité pour de nombreux agriculteurs !
L’affaire est d’autant plus grave que même notre Ministre fustige les agriculteurs qui feraient malencontreusement quelques bénéfices. Les prix agricoles n’ont cessé de baisser depuis plus de soixante ans, notre Ministre nous fait tout de même passer pour des trafiquants de marché noir dès que les prix montent un peu.
Alors qu'il faudrait rendre à l’agriculture sa dignité, nos gouvernements se contentent de pondre des règlements aussi absurdes qu’inutiles. Malheureusement, dans notre pays, on préfère payer des impôts plutôt que payer sa nourriture à son juste prix. Le résultat est pitoyable pour nos paysans qui n’ont au final aucune valorisation de leur travail. Concernant leurs rémunérations, lorsqu'il leur reste quelque chose, ce sont que des subventions d’Etat, que l’on est en train de leur supprimer sans contreparti. C’est un désastre pour l’agriculture, le droit de chacun de s'alimenter, et à long terme pour l'écologie et les paysages : le nombre de paysans ne cesse de diminuer en Europe, et ce, à la grande gloire de ces dirigeants.
François DUMON, adhérent à la CR13
