Début mars, un reportage sur France 2 a présenté un projet de ferme de 1 000 vaches laitières dans la Somme qui suscite des interrogations.
L'association d'agriculteurs avec un promoteur en bâtiments et travaux publics a le mérite d'avoir redonné à des éleveurs lourdement pénalisés par la crise laitière, une rentabilité et un avenir, tout en gardant une certaine liberté.
Cependant, ce même promoteur projette d'augmenter le nombre de laitières, en passant de 300 à près de 1 000 bêtes pour 2015 !
Ce modèle est celui développé depuis des années au Danemark et c’est dans ce pays que les producteurs sont des plus en difficultés !
Le département de l'Eure est déjà confronté au problème de la concentration des espaces agricoles. Aujourd'hui, 40% des agriculteurs travaillent dans de grandes exploitations, contre à peine plus de 25% il y a dix ans. Les conditions de travail dans ces exploitations se dégradent nécessairement.
On observe donc que la polyculture cède le pas. Auparavant, les agriculteurs n'étaient pas spécialisés, s'occupant autant de céréales que d'élevage. Aujourd'hui, il n'y a plus que 8% de producteurs laitiers dans l'Eure. Une minorité d'agriculteur produit encore du lait alors qu'ils étaient encore majoritaires en 1980.
Devant cet effacement, les pouvoirs publics et les intérêts financiers proposent toujours plus de concentration, toujours plus de spécialisation et toujours moins d'agriculteurs.
Cette installation concerne aujourd'hui un département voisin, mais il ne faut pas être dupe. Bientôt ces fermes seront construites sur tout le territoire, y compris le département de l'Eure. C'est pour préserver l'avenir du métier d'éleveur qu'il faut dès à présent s'opposer à ces structures.
Enfin, le consommateur sera finalement perdant, tant sur la qualité que sur le prix. On ne peut pas gérer la Nature comme n'importe quel minerai ! Nos vaches ne sont pas des machines, elles ont besoin d'espace et de soins ce que ces structures démesurées ne permettent pas.
Jacques LAMIOT. président de la CR27
